LES BISCUITS DE GOÛTER
Test comparatif
On avait quitté nos années Prince sur une victoire: nos mains adolescentes séparant délicatement les deux palets de gluten dentelé sans en briser aucun, gardant le “bon” palet (celui sur lequel le chocolat avait choisi de s’accrocher) et offrant l’autre à Cédric, un ami fragile –devenu trader. En 2021, cette joie éphémère –comme beaucoup d’autres– n’existe plus. La faute à qui? À nos doigts devenus trop gros? Au stress devenu structurel dans nos vies de dingues? On en était là, prêts à accepter n’importe quelle explication jusqu’à la plus culpabilisante, quand soudain, cette info selon laquelle le poids du paquet de Prince serait passé de 330 à 220 grammes (!!!) entre l’été 2008 et 2019 –sans modification du prix. De quoi cet effondrement est-il le nom? Quelles conséquences sur la composition du biscuit? Silence…
Laurent Spielvogel, métro Porte des Lilas en 1992 ; Jean-françois Dérec courant dans un tunnel en 1995 ; le même Jean-françois Dérec sous un masque de Fabien Barthez en 2000… En plus d’être une aubaine pour les victimes d’alopécie précoce, les publicités Petit Écolier sont de celles qui propulsent les talents, qui explorent de nouveaux horizons. Surprenant de la part d’un biscuit qui n’a eu de cesse, depuis sa création en 1927, de clamer son amour pour les concepts immuables et épurés (un petit beurre + une tablette de chocolat, qui dit mieux?), tirant son charisme d’airain d’un conservatisme souriant mais inflexible. Mais nous n’en sommes pas à un paradoxe près chez ce biscuit de droite sympa, toujours pas décidé à lésiner sur le chocolat, même au plus fort de la crise économique. Un gâteau rare. RIP Marielle de Sarnez.
Chez LU, on est créateur de biscuits depuis 1846. C’est ainsi. Pas la peine de se lancer dans des études ou je ne sais quoi, quand on est un LU, on fait du biscuit comme papa “et si tu veux faire des conneries genre maths sup’, très bien pour toi, mais c’est sur ton temps libre”. Implacable mouvement que celui d’une vie de LU: reproduire sans fléchir l’excellence de l’étalon biscuit Pépito ; s’assurer inlassablement de la virginité de l’huile de palme ; valider l’onctuosité du cacao ; faire du goûter premium. Parfois, pourtant, la passion refuse de se laisser étouffer. Et comme par magie apparaît, à l’arrière du paquet, une petite équation: “Pépito + pomme ou verre de lait = un goûter complètement choco”. Une formule intrigante, qui donne, après quelques manipulations simples, le développement suivant:
Bluffant. Reprenez donc sa médaille Fields à Cédric Villani et décernez-la à Pépito.
En 2018, le comédien Jerry Seinfeld déclarait ceci: “Le problème pour nous les vieux, ce sont les jeans. Il n’y a aucun jean qui aille aux vieux. Si j’en prends un à la mode pour avoir l’air cool, tout le monde trouvera ça ridicule, mais si j’opte pour un jean démodé, ça sera juste moche. Il n’y a pas de solution. Vieux, il faut abandonner le jean.” Cette déclaration, la Biscuiterie nantaise l’a soupesée d’un air grave, avant de choisir de s’en tamponner complet. Et de fait, à bientôt 70 ans, BN continue de se packager comme un ado, pare son biscuit d’un casque de Walkman et glisse même dans un encart “BN Délire” une photo de chien en hoodie qui lance “Wesh, t’as pas un BN?” Soyons sérieux cinq minutes, BN: ce n’est pas grave de ne pas être cool. Tu es subtilement chocolaté, tu es croquant, un peu ringard et très bon. Va te changer, va. On t’aime pour ce que tu es.