MODE D’APRÈS
Spécialisée dans la réutilisation de matériaux de seconde main pour une approche de la mode revendiquée écoresponsable, Nicole Mclaughlin est persuadée que n’importe quel objet porte en lui le potentiel d’un vêtement ou d’un accessoire stylistique amélioré –à condition bien sûr d’affuter son imagination. Cette nouvelle papesse du “surcyclage”, échappée de chez Reebok en 2018 pour se consacrer à un éveil des consciences teinté d’ironie urbaine typiquement new-yorkaise, transforme ainsi ballons de volley et volants de badminton en charentaises du futur, réalise des doudounes sans manches à l’aide de morceaux de pain et de sachets de Cheerios, et appréhende la claquette comme un objet multifonctions qui permettrait d’arpenter les trottoirs de Brooklyn tout en s’autorisant des pauses glaçons, Capri-sun ou sushis. Une esthétique taillée pour Instagram (la designeuse est une influenceuse désormais renommée), qui faisait encore récemment la joie de nombreux workshops en écoles de mode, où Mclaughlin enseigne les rouages de la création engagée. Ces prototypes, dont le goût parfois douteux pourrait paradoxalement évoquer la frivolité déconnectée des années 80 (une brassière en croissants qui semble échappée d’un défilé de Gaultier), ne sont, pour le moment, pas encore destinés à une quelconque commercialisation, l’artiste ayant coutume de démonter ses pièces dans le but de les recycler à nouveau. Le politiquement correct ambiant autoriserait-il à parler de soulagement?