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PISTONS & PIXELS

Deux voitures peuvent-elles tomber amoureuses l’une de l’autre ? Oui ! Dans Cars, le bolide Flash McQueen va ainsi céder aux charmes d’une bien jolie Porsche 911 prénommée Sally…

- Texte Jean-François Rivière Photos Porsche et Disney Pixar

Je peux te poser une question ? Comment une Porsche a-t-elle atterri dans ce coin paumé ? » Flash McQueen, le bolide héros de Cars, n’en revient toujours pas d’être tombé sous le charme de la douce Sally, une Porsche 911 (996) résidant à Radiator Springs, sur une Route 66 oubliée depuis que l’autoroute en a détourné le trafic, et où se morfond une poignée de véhicules sortis de l’imaginatio­n fertile des studios Pixar : Sarge la Jeep Willys, Fillmore le Combi Volkswagen, Luigi la Fiat 500 ou encore Doc Hudson la Hudson Hornet (doublée par Paul Newman dans la version originale) et donc, Sally, jolie Porsche bleue qui gère un motel vide dont les chambres ont la forme de cônes oranges de signalisat­ion. Dans ce film d’animation signé John Lassiter sorti en 2006, si le héros est bien McQueen, ce bolide rouge un peu frimeur retenu à Radiator Springs alors qu’on l’attend sur la piste ovale d’un championna­t NASCAR, c’est son idylle avec Sally la 911 qui retiendra toute l’attention. Séduits par les lignes de la Porsche, le directeur artistique Bob Pauley et le designer en chef Jay Ward ont retenu le modèle après avoir sollicité la marque allemande. Chez Porsche, on accueille le projet avec enthousias­me même si l’un des dirigeants émet des réserves, considéran­t qu’il serait une erreur que la 911 soit un personnage féminin quand 85% des clients de Porsche à l’époque sont des hommes. « Je lui ai répondu, se souvient Ward, que si 85% des clients étaient des hommes, ils devraient justement faire en sorte d’essayer d’attirer les femmes. Je ne sais pas si mon argument a été entendu, mais la direction a adoré l’idée et Sally est devenue le premier personnage du film validé par une marque. »

Les premiers dessins de Sally vont s’inspirer d’une 993 avant qu’il ne soit décidé qu’elle devrait être représenté­e par un modèle plus actuel, d’où le choix de la 996, modèle en cours durant la conception du film. « Le moteur de la 911 étant à l’arrière, explique Ward, il n’y a pas de calandre ou de grille à l’avant. Cela produit des lignes très douces, un design très propre. » Cette face avant dénuée d’ouverture va permettre aux créatifs de Pixar de rendre Sally plus expressive encore. Les expression­s des véhicules sont en effet cruciales, surtout avec la décision prise de les doter de grands yeux en guise de pare-brise, une idée inspirée d’un dessin animé de Walt Disney datant de 1952, Susie, The Little Blue Coupe.

Une fois le choix de la Porsche approuvé, Pixar va faire l’acquisitio­n d’une 911 Carrera qui sera photograph­iée sous toutes ses coutures afin de mieux cerner et reproduire le modèle, de la façon dont se reflète la lumière sur la carrosseri­e à la texture des jantes en passant par le son des clignotant­s. Pour le choix de la couleur, si la Fiat 500 du film hérite d’un jaune issu du nuancier Fiat de l’époque, aucune teinte de bleu ne conviendra aux designers parmi celles disponible­s à l‘époque sur la 996, toutes jugées trop sombres pour accompagne­r le caractère pétillant de Sally. Si bien que Pixar va créer son propre “Sally Blue” qui sera repris sur la version à l’échelle 1 de la voiture, conçue à partir d’une Carrera de 1999 raccourcie de 17 centimètre­s avec le toit surélevé et l’avant redessiné pour accueillir le large sourire de Sally. Destinée à la promotion du film sorti en France en juin 2006, cette Sally grandeur nature va ainsi parcourir le monde avant que Pixar en fasse don au Musée Porsche de Stuttgart.

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