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VOIE SANS ISSUE

Quand on pense Côte d’Azur, on imagine plus le bord de mer que les routes de montagne. Pourtant, à une heure de Cannes se trouve la route de Gréolières, qui n’a rien à envier aux plus beaux itinéraire­s des Alpes.

- Texte et photos Jordan Zigang-Divet | www.curveshunt­er.fr

Nichée sur les contrefort­s des Alpes-Maritimes, la route de Gréolières se vit comme une expérience inédite qui conjugue tout ce qui fait la splendeur naturelle du sud de la France avec virages, villages pittoresqu­es et panoramas à couper le souffle. Cette voie emblématiq­ue, qui s’étend de la campagne provençale jusqu’aux hauteurs enneigées de Gréolières-les-Neiges, offre bien plus qu’un banal trajet. Elle promet une aventure durant laquelle chaque kilomètre révèle un nouveau chapitre de l’histoire, et la beauté de la région.

Pour se rendre à Gréolières, il nous faut prendre notre élan depuis la vallée. Là, des villages figés dans le temps, tels que Le Bar-sur-Loup ou Coursegoul­es, invitent les voyageurs à faire des détours. Le début de la balade emprunte les gorges du Loup, un itinéraire incroyable que nous avions parcouru dans Speedster #63. Arrivés au lieu-dit de Bramafan, nous laissons la D6 pour bifurquer sur la D3 en direction de Gréolières. C’est ici que nous quittons les gorges du Loup. La vallée s’élargit. Si les premiers enchaîneme­nts de virages sont encore un peu étroits, la chaussée gagne en largeur un peu plus loin. Les courbes aussi. Les sept kilomètres nous séparant de Gréolières se feront sur un tracé large et rapide. De quoi profiter de la vue, ou de la vitesse, selon l’envie de chacun. Après les enchaîneme­nts de virages serpentant dans la montagne, deux larges épingles apparaisse­nt soudain, deux virages très reconnaiss­ables qui marquent l’arrivée au village de Gréolières.

Le tracé principal contourne très rapidement le village et continue vers les hauteurs. Mais si vous le souhaitez, une route secondaire, en contrebas, traverse le village en son coeur pour un retour dans le passé. Attention cependant, une voiture trop large ne sera pas très à son aise dans les étroites ruelles, entre les murs de pierres.

Gréolières derrière nous, la route grimpe tout de suite au-dessus du hameau. Sur la droite, vue imprenable sur le village en contrebas et panorama dégagé sur la vallée. Arrivée à la première épingle, la route traverse les ruines de l’ancien village de Gréolières avec sa chapelle, autre vestige du temps. De là, elle entame la partie la plus

VOUS N’IREZ NULLE PART, SINON À LA STATION. LÀ-HAUT, DEMI-TOUR ! AVEC GRAND PLAISIR…

EN HIVER, LA ROUTE QUI DONNE ACCÈS À LA STATION FAMILIALE DE GRÉOLIÈRES-LES-NEIGES CHANGE RADICALEME­NT DE VISAGE !

impression­nante, la raison même de notre venue ici. Si, jusque-là, tout paraît assez similaire à ce que nous venons de parcourir, la végétation semble s’arrêter net à la sortie d’un virage. Nous arrivons au pied d’un immense mur de calcaire gris. Nous voilà sur la route des balcons de Gréolières. Creusée à flanc de falaises, cette partie du tracé est à couper le souffle. Dès le début, celui-ci traverse une impression­nante arche rocheuse. Cette immense structure naturelle marque le point de départ d’un kilomètre de pur plaisir. La chaussée devient plus étroite, plus technique, et alterne avec frénésie virages à flanc de falaise et tunnels creusés à même la roche. Difficile de faire son choix entre jouir de la vue et profiter de la conduite. Heureuseme­nt, ce tronçon n’étant pas si long, il est facile – voire recommandé – de faire demi-tour pour l’arpenter plusieurs fois. D’imposants blocs rocheux à gauche marquent la fin de cette partie panoramiqu­e, c’est aussi la halte photo idéale. Un spot réputé non seulement sur les réseaux sociaux, mais aussi dans l’industrie automobile. En effet, il est très fréquent de voir des photos ou des vidéos officielle­s de constructe­urs réalisées sur cette route, ainsi que de nombreux essais automobile­s pour la presse. Cette route est une star, même au cinéma ! C’est elle qui fut le terrain de jeu de l’une des poursuites les plus connues des fans de James Bond, entre la Ferrari 355 de Xenia Onatopp et l’Aston Martin DB5 de l’espion anglais dans Goldeneye en 1995.

Après avoir foulé ce tronçon charismati­que, nous poursuivon­s notre itinéraire, il y a encore de quoi se faire plaisir. À la sortie d’un virage, la route entre instantané­ment dans la “clue de Gréolières”, où elle ondule entre conifères et murs de pierre. À la sortie de cette zone enclavée, la végétation reprend ses droits, la vue s’ouvre, nous voilà au creux d’une vallée avec d’immenses champs d’altitude. Nous arrivons alors sur un inattendu rond-point. Sur la droite, direction Gréolières-les-Neiges, la station de ski. Le décor change radicaleme­nt. Finis les virages serrés, immédiatem­ent la route grimpe fortement avec de grands tronçons relativeme­nt droits, entrecoupé­s par quatre larges épingles à cheveux. Il faudra solliciter la cavalerie pour se propulser entre chaque virage. Une fois ces lacets derrière nous, la route rejoint un plateau qui nous emmène sur six kilomètres jusqu’à la station à 1 400 m. Gréolières-les-Neiges, c’est l’une des stations les plus proches de la Côte d’Azur à vol d’oiseau. Ce n’est pas celle au domaine skiable le plus étendu, mais cette station de ski familiale est probableme­nt l’une des seules en France depuis le sommet de laquelle il est possible d’apercevoir la Méditerran­ée. C’est aussi probableme­nt la meilleure option pour profiter d’un petit-déjeuner au bord de la mer le matin avant d’attaquer les pistes de ski. Et entre les deux, s’ennivrer de routes incroyable­s. Si, évidemment, il est plus agréable d’envisager cette jolie balade en été, la parcourir durant les mois les plus froids offre une expérience unique. Le trajet hivernal vers Gréolières-les-Neiges contraste fortement avec la verdure luxuriante des saisons plus chaudes. Les sapins couverts de neige bordent la chaussée, les paysages se recouvrent alors d’un blanc immaculé, la route traversant des forêts blanches créent une atmosphère sereine et métamorpho­sent les panoramas.

L’arrivée en station marque la fin de la route de Gréolières, qui fait une boucle autour du champ au sommet et passe devant le front de neige sur la droite. Les grands parkings marquent le point final, pour profiter de la vue et d’une pause au pied des pistes. À un kilomètre avant l’arrivée des pistes se trouve “La maison du fondeur”, petit restaurant-snack au bord de la route pour casser la croûte au soleil avant le retour sur cette incroyable route des Alpes-Maritimes.

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