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RENÉ METGE

1941 - 2024 Il reste l’homme qui a offert à Porsche ses deux victoires dans le Dakar. René Metge était un pilote hors catégorie.

- Kieron Fennelly Photo Alexis Goure.

Grande figure du sport automobile, René Metge s’est éteint le 3 janvier. Garçon, c’est par le garage en face de chez lui, à Montrouge, qu’il est tombé amoureux des voitures de sport. Le propriétai­re était un certain Henri Novo, un ancien de Molsheim et grand spécialist­e des Bugatti. Les allées et venues de grandes sportives telles que les Salmson ou Jaguar furent irrésistib­les pour le jeune René. Après ses études, il a rejoint un garage du coin qui préparait entre autres une Mini Cooper et une Abarth. Un jour, le patron a proposé à son jeune employé si enthousias­te de piloter la Cooper en courses : la carrière sportive de René Metge était lancée.

Avec son frère, René achète une Renault 12 Gordini. Par la suite, il rencontre Ralph Broad, d’où des saisons en Cooper Broadspeed avant de passer sur Triumph Dolomite puis Rover SD1. Deux participat­ions au Rallye Nice – Abidjan lui donnent le goût du désert et il se révèlera spécialist­e en la matière, avec sa victoire sur Range Rover en 1981 lors du Paris-Dakar. Désabusé après une deuxième victoire suivie d’une disqualifi­cation “déloyale” en 1983, il envisage de laisser tomber le désert mais Jacky Ickx, qui veut monter une équipe pour faire ce raid avec Porsche, l’invite au vu de son expérience sur les sables du Sahara. Avec Roland Kussmaul, Metge mène des centaines de kilomètres d’essais avec la 953, première 911 à quatre roues motrices au volant de laquelle il gagnera le Dakar 1984. Avec l‘époustoufl­ante 959 en 1985, il est arrêté dans sa tentative par une fuite d’huile alors que la victoire est en vue. Mais en 1986, c’est un sans-faute que vient couronner une deuxième victoire sur Porsche.

1986 fut la dernière saison du Groupe B, mais Porsche persista en compétitio­n avec la 959, élaborant une version d’Endurance, la 961, pour les 24 Heures du Mans et invitant leur champion du Dakar à prendre le volant. Fin connaisseu­r des Vingt-Quatre Heures sur lesquelles son meilleur résultat fut une cinquième place en 1982 sur une 935 Kremer, une fois de plus Metge ne déçoit pas Stuttgart : septième au général et victoire de classe en dépit d’un copilote, Claude Ballot-Jena, souffrant de terribles crampes, obligeant Metge à assurer des relais de quatre heures au lieu de deux. Pas de chance en 1987 : suite à l’accident de son coéquipier Kees Nierop, leur 961 abandonne au bout de trois heures. Metge termine pourtant la saison en beauté en tant que champion en Porsche 944 Turbo Cup. Mais à 46 ans, il décide de tirer sa révérence. Sa renommée en Rallye-Raid fera de lui l’organisate­ur de plusieurs grandes aventures telles que Paris-Pekin et en 2014, d’une nouvelle édition du ParisDakar qui depuis plusieurs années avait déménagé en Amérique centrale. Il reste ambassadeu­r chez Porsche, participan­t aux lancements du Cayenne en 2002 et du Macan dix ans plus tard.

De nature modeste, René Metge fut très touché lorsque, à l’arrivée victorieus­e du Paris-Dakar en 1984, le directeur de l’équipe, Peter Falk, le remercia « d’avoir ramené notre voiture intacte » et il fut toujours admiratif non seulement de l’humilité des gens de Porsche, mais aussi de la discipline et de l’engagement de l’entreprise. Invité au Mans en 1988 comme hôte de Porsche, il fut surpris et ému de se trouver ovationné par les tribunes.

Homme pétri d’humilité, René Metge était toujours très disponible, prêt à se déplacer pour parler aux journalist­es et toujours reconnaiss­ant envers Porsche « d’avoir tant fait pour moi ».

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