Reportage
Le Manoir de la Fieffe
À quelques minutes du centre-ville de Cherbourg-en-cotentin, le manoir de la Fieffe offre un cadre chaleureux et une sérénité absolue dans une campagne à proximité immédiate du port. Zoom sur cette propriété de plus de 450 ans inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.
Le manoir de la Fieffe a une histoire de plus de 450 ans « liée à celle du château des Ravalet, aussi connu sous le nom de château de Tourlaville à quelques km d’ici ». Tous deux ont été construits vers l’an 1560 par Jean II de Ravalet et ont les même propriétaires du XVIE au milieu du XIXE siècles. En 1838, la Fieffe est vendue par Alexis de Tocqueville aux deux frères de Cherbourg, Antoine et François Pierre. « Leurs descendants revendent la propriété à un certain Aimable Huet, dont l’un des enfants, l’abbé Joseph Huet, devient vicaire de la cathédrale de Coutances. C’est lui qui procède à l’agrandissement du manoir en respectant l’architecture initiale de bâtiment », nous explique l’un des deux actuels propriétaires. Par succession, la propriété revient à l’amiral Lemonnier, chef d’état-major général de la Marine pendant la Seconde Guerre mondiale.
Emmanuel et Michel, les actuels propriétaires, sont arrivés au manoir en 2012. « Nous avons eu le coup de coeur pour cette demeure après notre première visite par une son˜ belle journée de juillet. Le manoir était superbe dans
écrin de verdure, en très bon état et les extérieurs soignés. Des vipérines des Canaries (Echium pinninana) s’épanouissaient contre les façades gages d’un climat exceptionnellement doux que je cherchais activement », nous confie Emmanuel. Les deux hommes ont alors lancé l’activité de chambres d’hôtes et gîte durant l’été de la même année. « Nous sommes arrivés au Manoir de La Fieffe au printemps 2012 avec l’idée de faire de cette demeure un havre de sérénité et de son jardin, le rendez-vous des amateurs de découvertes botaniques », ajoute Emmanuel qui, avant de se lancer dans l’aventure, avait une pépinière de plantes de collection entre Rouen et Dieppe. Le choix du Nord-cotentin était pour lui le bon en raison de la douceur de son climat et de la possibilité d’acclimater des végétaux rarement cultivés dans l’hexagone. « Dans quelques années, les 4 hectares du domaine abriteront un magnifique arboretum, qui donnera un attrait supplémentaire au lieu », explique-t-il. Michel, de son côté, était au service d’élus (assistant parlementaire, directeur de
cabinet). Aujourd’hui, le manoir de la Fieffe est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (ISMH) pour les toitures, les façades et les 3 cheminées.
Le manoir de la Fieffe est inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques
Le respect de l’architecture locale
Avant d’ouvrir, le manoir de la Fieffe a nécessité peu de gros travaux. Il y a eu par exemple l’unification de deux petites bâtisses en un gîte de charme. D’autres travaux constants d’amélioration en isolation, décoration, plantations ou changement des huisseries ont été réalisés. Il fallait juste que l’idée directrice de ces travaux soit de respecter l’architecture locale, à travers les artisans choisis ou les matériaux. Les propriétaires ont ainsi soigneusement choisi le bois de charpente, la pierre ou le chêne pour les huisseries.
Confort, harmonie et ambiance chaleureuse
Au manoir de la Fieffe, le style est loin d’être épuré, jugé trop froid. Il n’est pas non plus rempli d’objets et de tableaux pouvant le faire passer pour un musée. Les propriétaires ont opté pour une décoration avec beaucoup de couleurs chaudes, parfois assez vives, et des tapis d’orient. La déco, qui correspond à leurs préférences, est « chaleureuse sans être ostentatoire et dans un style plutôt classique ».
Pour décorer le manoir, Michel et Emmanuel ont par exemple acheté du mobilier aperçu dans des salons Maison & Objets à Paris. « Puis Michel s’est passionné pour les salles des ventes qui alimentent et renouvellent régulièrement la décoration de nos
pièces », nous confie Emmanuel. Avec une déco joyeuse et colorée, la chambre de l’amiral abrite une tête de lit et chevets peints de motifs fleuris.
Dans la salle de bain, un meuble asiatique a été détourné en support de vasques accompagnant un cheval de bois.
Dans la suite Tocqueville, un lit de côté a été transformé par un ébéniste en une seule tête de lit directoire aux dimensions adaptées à un lit king size. On y trouve également une cheminée classée du XVIE siècle. Dans la suite Sainte Croix du Mont, le mobilier Louis XVI et directoire insufflent à l’espace une ambiance cossue.
Pour le gîte, Emmanuel et Michel ont plutôt opté pour une ambiance plus campagnarde avec ses murs à la chaux et inspirée du voyage : meubles asiatiques et bosquet de fougères exotiques.
Dans tous les cas, confort et harmonie sont au rendez-vous. ◆
Michel s’est passionné pour les salles des ventes qui alimentent et renouvellent régulièrement la décoration du Manoir