Y A RIEN TE DÉRANGE, LA?

Choisir une bibliothèque est un art subtil. Quelques conseils pour devenir chef de rayon.

Depuis que le monde est devenu un bordel sans nom (aux alentours du big bang), ranger s’est imposé comme l’activité préférée des humains en quête d’ordre mental. Faire place nette est même devenu un art à en juger par le succès de l’impératrice de l’alignement de chaussettes, Marie Kondo, qui a vendu 2,5 millions d’exemplaires de son manuel La Magie du rangement (Éd. First) et qui a sorti le 31 août une suite Ranger : l'étincelle du bonheur (Éd. Pygmalion) Problème : si on aime un peu la littérature, sa méthode qui consiste à se débarrasser des objets qui ne nous procurent pas de joie ne fonctionne pas vraiment pour trier ses bouquins. Sauf à dire adieu à toute la littérature du XIXE, largement portée sur la mélancolie et les histoires d’amour qui finissent mal. Mais ce n’est pas parce que vous avez décidé de conserver l’intégralité des chefsd’oeuvre de la Bibliothèque Rose, qui ont enchanté votre enfance, que vous devez laisser vos livres s’empiler dans d’immenses tours, aussi instables qu’un jeu de Jenga. La bibliothèque est devenue un élément de décor à soigner comme une vitrine de grand magasin à Noël. Et pas seulement grâce aux bibelots qui parsèment les étagères, dessinant habilement les contours de votre personnalité attachante (une statuette africaine, une photo de votre chat, une figurine de la reine mère saluant de la main). Mais grâce aux livres eux-mêmes que l’on se doit désormais d’agencer dans des mises en scène dignes du Palais des papes. Avec d’autant plus de joie que certaines maisons d’édition (Zulma, Monsieur Toussaint Louverture), rompant avec la tradition d’austérité des couvertures blanches, éditent des ouvrages à fort potentiel instagrammable. Stylist vous aide à mettre de l’ordre dans vos livres en fonction de vos goûts littéraires.