Stylist

Le bon timing

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S’il fallait construire un édifice à la gloire du nostalgism­e des années 2010, ce serait évidemment à la bétonneuse. Le brutalisme impose ses formes anguleuses et ses alignement­s répétitifs dans tous les domaines culturels : la mode (dernier défilé croisière Louis Vuitton au musée d’art contempora­in de Niterói à Rio(1), construit par Niemeyer ; la collection La Grande Motte de Jacquemus en 2014 ; le mood board post-soviet de Gosha Rubchinski­y ou de Vetements), la musique (le clip de Gosh de Jamie XX(2), réalisé par Romain Gavras ; Month of Sundays de Metronomy…), la fiction (Hunger Games tourné aux espaces d’abraxas à Noisy-le-grand(3) ; la série Trepalium au siège du parti communiste à Paris), l’édition (Blue Crow Media vient de sortir Carte Paris brutaliste, pour une découverte des fleurons du genre dans la capitale)… Preuve ultime de son triomphe, le brutalisme a même son Tumblr en forme de Fuck yeah (fuckyeahbr­utalism.tumblr.com). Les grands blocs incarnent parfaiteme­nt notre vertige post-moderne et ils sont ce qu’il reste de plus solide des utopies passées. Au point d’incarner ce moment d’innocence avant la perversion : la vague des sites internet low-fi épurés, qui rappellent les débuts du Web avec leurs quelques liens hypertexte­s perdus dans la page, a été baptisée Web Brutalism.

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