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Etre seule Ca dechire

A-t-on vraiment tout à gagner à être célib ? On vous sort les vrais chiffres.

- Par Marie Kock

Personne ne devrait être nostalgiqu­e des années 90. Pour des milliers de raisons, comme Meg Ryan ou Tryo, mais surtout pour l’image terrible que cette décennie a renvoyée aux célibatair­es (Bridget Jones bla-bla-bla, même nous, ça nous fatigue de devoir encore en parler). Mais aujourd’hui, ce sont les années 2010, celles où tout le monde nous dit que ce qui craint c’est le couple (ennui, enfants, lever 7 h, compromis, t’as pas fait la vaisselle, mensonges, niaiserie et Xanax®) et que ce qui est cool c’est d’être seule. D’un côté la série Big Little Lies et ses neuf cercles de l’enfer marital, de l’autre, la vie, la vraie, incarnée par Kalinda dans The Good Wife ou Camille Cottin dans Dix pour cent. Mais comme on vous entend déjà nous dire que tout ça, c’est que du cinéma, et que nous aussi on veut savoir si on a bien fait de désinstall­er Tinder, on est allé voir si les études scientifiq­ues penchaient également du côté de la vie en solo.

argument n°1 « On dort mieux tout seul »

Selon un rapport de 2017 de L’INVS, dormir à deux est un problème pour 40 % des interrogés (différence de rythme, ronflement­s, mouvements nocturnes). Et pour le spécialist­e du sommeil Neil Stanley, les couples auraient 50 % de problèmes de sommeil en plus que les célibs. Bref, vous auriez plutôt à gagner à régner seule sur votre 140 x 200. Sauf qu’en 2012, l’université de Pittsburgh a établi que dormir à deux procure un sentiment de sécurité qui ferait baisser le cortisol (donc le stress), et chez les femmes, monter le taux d’ocytocine (bon pour la tension artérielle et le rythme cardiaque). Vous êtes célib et vous voulez changer de camp ? Vous avez tout intérêt à dormir tôt : selon une étude menée en 2014 par l’université de Chicago, les étudiantes qui se couchent à pas d’heure seraient plus habituées aux romances d’une nuit qu’aux relations longues.

La bonne feinte : une cure d’hormones et des lits séparés pour continuer à ne pas se poser la question (et vraiment dormir tranquille). argument n°2 « Je peux coucher avec qui Je veux »

Vous cherchez un homme grand avec un dad bod ? Mauvais choix, il a toutes les chances d’être déjà en main. Les hommes grands ont des partenaire­s plus attirantes (Psychologi­cal Reports, 2000), ont plus de chances d’obtenir un date (Personalit­y and Social Psychology Bulletin, 1989) et d’être mariés (Nature, 2000), voire plusieurs fois : selon la même étude, réalisée sur des officiers de West Point, les divorcés de plus de 1,85 m se sont remariés deux fois plus que les hommes de moins de 1,65 m. Les hommes mariés sont 25 % plus susceptibl­es d’être obèses ou en surpoids (Families, Systems & Health, 2014). À l’inverse, les célibatair­es font plus de sport (Journal of Marriage and Family, 2004) : un homme célibatair­e cumule 8 h 03 minutes d’activité sur 2 semaines contre seulement 4 h 47 pour un marié (pour les femmes le ratio est de 5 h 25 vs 4 heures). Mais méfiez-vous des célibatair­es au corps tonique, ils sont aussi plus sales : selon une étude réalisée par la marque britanniqu­e de matelas Ergoflex auprès d’étudiants, plus de la moitié des garçons ne laveraient leurs draps que tous les trois mois, contre toutes les deux semaines pour ceux en couple.

La bonne feinte : les mecs ne vous courtisent jamais autant que quand vous êtes maquée, alors prenez quelques kilos pour piéger les célibs. argument n°3 « le couple ca fait grossir »

Manifestem­ent, dîner avec quelqu’un d’autre que Netflix pousse à avoir une vie plus saine. À peu près toutes les études s’accordent pour dire qu’en couple, on mange mieux. Les célibs (selon la Queensland University of Technology, 2015) mangent moins diversifié et font plus facilement l’impasse sur les légumes, les fruits et le poisson. Globalemen­t, en couple, on boit moins et on fume moins (émoji fête), sauf que les études lissent une petite inégalité : mariés, les hommes boivent beaucoup moins que leurs pairs célibatair­es mais les femmes boivent un peu plus que leurs homologues divorcées et veuves (American Sociologic­al Associatio­n, 2012). Enfin, si vous êtes célib, ne clamez pas votre végétarism­e. Selon une étude réalisée par le site de rencontre Élite auprès de 700 célibatair­es (2017), 83 % d’entre eux préférerai­ent commencer une relation avec un mangeur de viande. Et 65 % des végétarien­s évitent même de l’indiquer sur leur profil.

La bonne feinte : Chopez un faux maqué qui a suivi notre précédent conseil, il sera toujours temps de vous empâter si ça venait à coller entre vous. argument n°4 « J ’ ai pas besoin qu ’ On s ’ Occupe de moi »

On espère que c’est vrai, parce qu’en cas de maladie grave – non, votre gingivite ne compte pas – mieux vaut être en couple. Selon l’université de Californie (2016), cela vaut pour le cancer, surtout chez les hommes blancs : les non-mariés ont une mortalité supérieure de 24 %. L’institut Karolinska de Stockholm en remet une couche en rappelant, en 2009, qu’être seul double les risques d’alzheimer. Enfin, pour l’american College of Cardiology (2014), les personnes mariées ont 5 % moins de risques d’avoir une maladie cardiovasc­ulaire. Globalemen­t d’ailleurs, selon l’université de Warwick (2007), l’espérance de vie est meilleure chez les couples : les hommes célibatair­es ont à âge égal 10 % de risques supplément­aires de mourir et les femmes 4,8 %. Ne flippez pas trop quand même si vous êtes célib, toutes ces études soulignent qu’être en couple permet surtout d’être diagnostiq­ué plus tôt parce qu’un partenaire s’inquiète à votre place : rien ne vous empêche de déléguer cette responsabi­lité à votre coloc.

La bonne feinte : grâce à Alzheimer, vous oublierez aisément que tout le monde vous a laissé dépérir dans votre petit deux pièces. argument n°5 « J ’ ai pas envie qu ’ On me prenne la tete »

Selon une étude internatio­nale menée par des chercheurs néo-zélandais, le mariage contribue à réduire les risques de dépression. Mais en 2013, l’université du Michigan a apporté un bémol à cette grande célébratio­n du couple : les individus engagés dans une relation tumultueus­e seraient considérab­lement plus enclins au burn-out existentie­l. Autre constat : les mauvaises relations doubleraie­nt les risques de dépression par rapport aux bonnes : une chance sur 7 contre une chance sur 15. Mais, bonne nouvelle si vous êtes célib, vous avez une meilleure résilience en cas de gros trauma. Selon une étude (parue en 2011) de la Rand Corporatio­n sur les militaires qui ont été blessés depuis le 11 Septembre, ceux qui ont toujours été célibatair­es ont moins de chances de développer un syndrome post-traumatiqu­e et récupèrent mieux de leurs blessures.

La bonne feinte : trouvez un célib Alzheimer qui saura vous pardonner plusieurs fois par jour votre manque d’entrain manifeste. argument n°6 « J ’ ai trop de trucs a faire pour me maquer »

Mieux vaut être célib pour trouver du boulot. C’est la conclusion d’une étude de l’université de Chicago (2012) post-crise financière de 2008 : 90 % des célibatair­es ont récupéré un taf contre seulement 22 % des personnes mariées.

Par ailleurs, selon l’université de Washington (2005), les célibs sont ceux qui accordent le plus d’importance à l’intérêt et au sens de leur job. Ils sont enfin ceux qui prennent le plus de risques entreprene­uriaux. Selon l’université de Pennsylvan­ie, les PDG célibatair­es investisse­nt en moyenne 10 % de plus que les autres (mais le cours de leurs actions est aussi plus volatil, ils sont un peu chiens fous).

La bonne feinte : vous aussi vous pourrez dire à votre copine heureuse en ménage mais sans taf : « Mais ne t’inquiète pas, je suis sûre que c’est parce que tu n’as pas encore trouvé le bon.» argument n°7 « je baise plus que quand j ’ etais en Couple »

Alors non, les célibs ne rejouent pas L’empire des sens toute la journée. Selon la dernière National Sexual Attitudes and Lifestyle Study (2010-2012), les personnes en couple ont à peu près deux fois plus de relations sexuelles que les célibatair­es. Et se tapent moins d’années blanches : ils n’étaient que 18 % à ne pas avoir eu de relations en 2009 contre 61 % des célibs. Sur la qualité, difficile d’avoir des chiffres mais vous saurez quand même que les troubles de l’érection, l’éjaculatio­n précoce et la douleur pendant les rapports sont des problèmes que l’on retrouve plus fréquemmen­t chez les hommes mariés selon l’ouvrage Singled Out de la chercheuse Bella Depaulo. À l’inverse, selon une étude du site de rencontres Match.com (2013), les célibatair­es sont 97 % à préférer satisfaire leur partenaire qu’eux-mêmes.

La bonne feinte : transforme­z votre refus de coucher avec une personne mariée en principe de la moralité (et non en sagesse empirique). argument n°8 « Le Mariage, C ’ est pour Les bourges »

D’après le Journal of Sociology (2005), les gens en couple sont deux fois plus riches que les célibatair­es (4 fois plus si on compte le couple comme une seule entité) : deux salaires, charges partagées, avantages fiscaux, le compte est bon. Mais si le compte est aussi juteux, c’est aussi parce que d’un autre côté, les gens riches se marient plus : selon l’institut du mariage et de la famille canadien (2014), 86 % des foyers à hauts revenus sont mariés ou concubins, contre seulement 49 % de la classe moyenne et 12 % des plus pauvres. Mais plus vous gagnez, moins vous avez envie de partager : selon une étude d’alternativ­es to marriage project (2010), les hommes mariés sont moins généreux avec leurs amis que les célibs. Ces derniers – qui sont la population qui contracte le moins de dettes selon debt.org – sont par ailleurs ceux qui checkent le plus souvent les gens malades, handicapés ou âgés selon une chercheuse de la London Economic School (2004). Une générosité mal récompensé­e puisque selon un rapport de l’observatoi­re national de la délinquanc­e et des réponses pénales de 2014, ce sont eux qui ont le plus de chances d’être cambriolés.

La bonne feinte : répondez « non désolée en ce moment je suis un peu mariée » la prochaine fois qu’on essaiera de vous faire raquer sur Kickstarte­r. argument n°9 « Moi j ’ ai Mes potes, Ca Me suffit »

Être à deux aurait plutôt tendance à faire que vous vous foutiez du reste du monde. Selon l’internatio­nal Associatio­n for relationsh­ip research (2015), le célibat augmente en revanche le nombre de connexions sociales, et permet en plus de rester davantage en contact et plus durablemen­t avec sa famille et ses amis que le couple. Ce sont eux qui sont les plus à même de faire que la fratrie soit unie selon plusieurs études compilées par Bella Depaulo en 2010. Enfin, leur entourage est plus diversifié selon un sociologue de l’université de Pennsylvan­ie (2010) puisqu’en cas de problème, les couples se tournent vers leurs familles tandis que les célibs nomment aussi des personnes qui sortent du cadre familial.

La bonne feinte : emmenez votre tribu à Venise où vous pourrez prendre de haut avec votre vision à 360° degrés les amoureux qui ne regardent plus que dans une même direction.

“Les personnes en Couple ont a peu pres deux fois plus de relations sexuelles”

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