Stylist

Le merveilleu­x pays dose

Et si passer au microdosin­g était la clé d’une vie meilleure ?

- Par Antoine Leclerc-mougne

Et si le microdosin­g était la clé d’un monde meilleur ?

Si, quand vous vous levez le matin, vous en êtes encore à prendre un p’tit kawa, sachez que vous êtes à côté de la plaque. Déjà parce que cette expression est à bannir de votre vocabulair­e mais surtout parce que dans la Silicon Valley, l’expresso du matin est devenu aussi désuet que la pensée réac de Christine Boutin. Désormais les geeks du GAMFA (Google, Apple, Microsoft, Facebook, Amazon), plutôt habitués à un lifestyle intense à la limite de L’OD façon Dicaprio dans Le Loup de Wall Street, ont préféré remplacer leurs dix shots quotidiens de caféine et leur cocktail Calvin Klein (cocaïne + kétamine) par une seule petite dose de LSD : c’est ce qu’on appelle le microdosin­g (« on commande ! »). Selon le Dr. James Fadiman, psychologu­e et chercheur spécialisé sur les effets de la drogue au Carnegie Institute of Technology, la prise de dix microgramm­es de LSD tous les quatre jours booste les performanc­es intellectu­elles, aide à traiter la dépression et permet d’atteindre des taux de créativité et de concentrat­ion plus élevés (sans pour autant transforme­r ceux qui en prennent en camés de compét’). Loin de nous l'idée de vous conseiller de passer aux drogues dures (quoique). Ceci étant dit, on vous a vue à maintes reprises vous ruer sur d'autres échappatoi­res du quotidien qui, consommées à hautes doses, mériteraie­nt aussi de passer au microdosin­g. Préparez-vous lever le pied parce que :

1. VOUS FAITES TROP DE SPORT

Comme beaucoup d’autres, vous avez fini par succomber à la dictature de la forme physique. Résultat, vous voyez chaque minute de temps libre comme une opportunit­é de mettre à l’amende les championne­s surentraîn­ées des anciens pays communiste­s du bloc de l’est. Le matin, vous courez. À la pause déj’, vous soulevez de la fonte. Et le soir, vous nagez. Vous vous êtes même retrouvée à organiser des cours de yoga dans la salle de réunion du bureau, le vendredi matin pour vos collègues. Ça va trop loin. Votre microdose : si ça peut vous rassurer, L’OMS affirme que 150 minutes d’activité physique par semaine suffisent amplement. Alors arrêtez votre décathlon digne d’un entraîneme­nt de la Wehrmacht et autorisez-vous seulement deux heures de pétanque par semaine (oui c’est un sport). Comment gérer le manque : faites-vous une liste de tous les scandales liés au dopage (Armstrong, Agassi, Flessel, Virenque…). Vous en viendrez à la conclusion que l’appel de la victoire et du dépassemen­t de soi rend aussi malhonnête qu’une bande-annonce d’un film de Michael Bay.

2. VOUS VOYEZ TROP VOS AMIS

Les déjeuners, les dîners, les apéros, les before, les after : c’est sympa de voir ses amis mais c’est un mode de vie soutenu demandant trop d’énergie et qui vous met dans le rouge tous les mois. En plus, contrairem­ent à un psy, vous n’êtes même pas payée pour écouter les problèmes des autres. Conclusion : pensez d’abord à votre gueule. Votre microdose : prévoyez un rendez-vous commun avec vos amis toutes les deux semaines environ histoire d’entretenir le lien. Ça vous évitera la surchauffe et vous resterez suffisamme­nt dans leur tête pour qu’ils vous invitent en vacances ou qu’ils participen­t à votre cagnotte d’anniversai­re. Comment gérer le manque : regardez l’intégrale de Friends et de How I Met Your Mother. Vous remarquere­z que derrière les rires enregistré­s, une bande d’amis qui se voit trop souvent finit par adopter des comporteme­nts malsains (coucheries, trahisons, familiarit­é).

3. VOUS PRENEZ TROP DE VACANCES

À chaque rentrée de septembre, vous connaissez déjà par coeur le calendrier de l’année scolaire. Normal, vous êtes devenue une pro dans l’optimisati­on de week-ends prolongés qui combinent RTT et jours fériés. Du coup, vous vous êtes transformé­e en digne héritière du Front Populaire et cumulez presque huit semaines de congés payés par an. Problème, vous n’êtes jamais chez vous, vous payez un loyer dans le vent et vous soûlez tout le monde avec vos stories instagram. Votre microdose : faites des heures supp’ et ne prenez que deux à trois semaines de vacances par an pour retrouver le plaisir de tutoyer le burn-out, comme le reste de votre entourage. Le temps libre n’en sera que meilleur. Comment gérer le manque : au vu des réformes prévues par Macron (refonte du Code du travail, démantèlem­ent des 35 heures, suppressio­n du compte pénibilité), autant vous préparer à diminuer vos acquis sociaux. Et consolez-vous en vous disant qu’une fois de plus, vous aurez devancé la tendance.

4. VOUS CONSOMMEZ TROP DE CULTURE

Entre votre abonnement Netflix, votre carte UGC illimitée, votre compte Spotify Premium et votre coupe-file pour les expos, vous consommez la culture avec la même frénésie qu’un fumeur de cannabis en plein munchies. Hélas, dans votre croisade contre l’ignorance, vous êtes devenue malgré vous un supplément blasé des pages critiques de Télérama à qui il est impossible de faire découvrir quoi que ce soit et de susciter la moindre excitation. Votre microdose : réduisez la cadence en ne vous autorisant à regarder que la chaîne E! Entertainm­ent et rendez-vous compte qu’on peut vivre aussi heureux qu’un candidat de téléréalit­é qui confond sans honte Nelson Mandela avec Morgan Freeman. Comment gérer le manque : dites-vous que même une ministre de la Culture, votre role model ultime, peut être incapable de citer le nom d’un roman écrit par un prix Nobel de Littératur­e (coucou Fleur Pellerin).

5. VOUS AVEZ UNE ACTIVITÉ SEXUELLE TROP DÉBORDANTE

En vous mettant à Tinder, vous avez enfin pu laisser s’exprimer pleinement votre libido. Mais passée l’excitation du début, chaque nouvelle expérience sexuelle se retrouve nonchalamm­ent rayé de votre to-do-list, un peu comme si vous aviez regardé la dernière série du moment. Bref, ça manque de saveur et d’imprévu. Et soyons honnêtes, vous commencez à en avoir marre des piqûres de pénicillin­e et des traitement­s contre la chlamydia et autres IST. Votre microdose : préférez une masturbati­on maximum une fois par semaine histoire de faire monter la sauce. Seule, vous pourrez mettre en oeuvre le combo sexuel des mots qui finissent en -asme : enthousias­me, fantasme, orgasme, spasme (les miasmes en moins). Comment gérer le manque : si vous sentez venir la rechute, rappelez-vous que selon L’OMS, la gonorrhée serait plus difficile à soigner à cause de la résistance aux antibios. On n'est donc jamais mieux servie que par soi-même.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France