CONTRÔLE TECHNIQUE
Nos experts passent la culture au scanner.
La description des émeutes raciales de dans Detroit de Kathryn Bigelow (en salles) par Caroline Rolland-diamond, historienne et auteure de Black America (La Découverte).
Detroit montre un “jeu de la mort” dans un motel durant les révoltes urbaines de 67. Bavure isolée
ou racisme systémique ? C’est un événement spectaculaire, atypique par la mise en scène cruelle des policiers, mais il s’inscrit dans une longue histoire inachevée de violences. Mettre l’accent sur l’épisode de l’algiers Motel et présenter par ailleurs une version très humaine de la hiérarchie policière paraît minimiser le racisme institutionnel pourtant bien réel. C'est d'ailleurs ce racisme insitutionnel qui est à l'origine des émeutes ? Beaucoup d’afro-américains privilégient l’expression de « grande rébellion de Detroit 1967 », la révolte urbaine ayant éclaté en
réaction à des décennies de ségrégation, de discrimination et de relégation sociale et politique. L'étincelle (la descente de police dans le bar clandestin) a mis le feu aux poudres d'une situation explosive depuis très longtemps. Le même drame pourrait se reproduire
aujourd’hui ? La situation est semblable (le racisme institutionnel persiste et les violences policières impunies continuent) mais a aussi beaucoup évolué, en termes du nombre de policiers noirs et bien sûr en termes de représentations : il n’aurait clairement pas été possible de faire un tel film en 1967.