Comment elle en est arrivée là ?
Créatrice de l’association Modafusion oeuvrant dans les favelas de Rio, cette ancienne journaliste duplique son école de mode libre et engagée dans le .
Fille d’un primeur et d’une fromagère qu’elle aidait régulièrement en boutique, elle a eu une enfance assez solitaire, occupée par près de dix ans de judo et de piano. «J’ai fait tous les jobs possibles dans la mode : j’ai été habilleuse sur 150 défilés à la grande époque des tops 90’s avec Kate Moss, Naomi Campbell et les autres. J’ai fait un stage au bureau de presse de Thierry Mugler pour son premier défilé haute couture, un aux achats du studio d’alber Elbaz…» « Dominique Flageollet était une cheffe comme dans le Diable s’habille en Prada mais je n’étais pas fragile. Elle est vite devenue ma deuxième maman. Elle m’avait trouvé dans son immeuble une garçonnière de m avec une terrasse art déco, le symbole de ma liberté. Après onze ans au Brésil, je m’y suis réinstallée. » Elle a créé des collections avec des prostituées de Rio, vendu des paréos conçus par des détenues de Sao Paolo au Bon Marché, valorisé les coopératives de couturières et les matières écologiques, lancé une agence de mannequins noires avec un photographe de la Cité de Dieu (favela de Rio)… « Après les attentats, je me suis demandé ce que je faisais si loin. J’ai décidé de recréer mon école en Seinesaint-denis, département le plus jeune et le plus métissé de France, avec le plus fort taux de chômage et le plus faible niveau de scolarisation des - ans.» Pour gagner sa vie en parallèle de son association, elle a été correspondante pour le magazine Wad et Arte : « On traitait tous les sujets épineux : trafics, pacification des favelas, déforestation, esclavage. J’ai voyagé dans tout le pays et interviewé le président Lula et des grands chefs trafiquants.» « En seconde, un amour de vacances s’est transformé en histoire de neuf ans. D’un coup, j’ai découvert Paris, l’amour, la fête, la féminité, puis la mode pendant une année d’erasmus en Angleterre. Mon copain des clubs africains à Paris où j’organisais des défilés et des concours de Miss Black avec Katoucha. » Elle est en couple avec Jérôme Pigeon, DJ Gringo da Parada, créateur de la Favela Chic et d’encantado, premier festival de musique dans une favela de Rio. « Un Brésilien m’a proposé de venir au carnaval de Bahia. Je me suis retrouvée dans une favela et ça a été un vrai choc. J’ai fait l’occidentale, je ne me suis pas insérée. Au retour, j’ai démissionné et je suis partie six mois en Asie. Il fallait que je découvre la vie. À Jakarta, j’ai rencontré un Danois, je l’ai suivi… Mais la société danoise était trop rigide pour moi… » « Oh la ! s’est arrêté au bout d’un an. Au même moment, mes amis m’ont offert pour mes 30 ans un billet d’avion pour Rio. Je ne parlais pas la langue, je me suis fait agresser plusieurs fois et pourtant, j’ai décidé de rester, je ne peux pas expliquer pourquoi. » La Casa Geração 93 a pour parrains Veja, Maroussia Rebecq, Jérôme Dreyfuss, Sakina M’SA, Youssouf Fofana de Maison Château Rouge, Marco Prince, Xuly. Bët, Diane Pernet, Aline Afanoukoé… Les intervenants sont bénévoles et Cyril Aouizerate (Mama Shelter et MOB Hôtel) met son sous-sol à disposition de l’école gracieusement.