Sarah Ourahmoune
Boxeuse, entrepreneuse et ambassadrice de Paris 2024
Boxeuse, entrepreneuse et ambassadrice de Paris , la championne olympique va bientôt commercialiser des gants de boxe connectés.
Fille d’un restaurateur et d’une aide-soignante, elle a cinq frères et soeurs. « Ma mère a fait du judo et croit aux valeurs éducatives du sport. Chaque année, on devait choisir une discipline à tour de rôle : judo, natation, danse classique. J’ai fini par me fixer sur le taekwondo. »
« À mes débuts, il n’y avait pas de compétitions féminines. Quand j’ai découvert le combat, ça a été le sérum de vérité. Voir ce qu’on a dans le ventre sur le ring c’est un défi contre soi-même. Encore mineure, j’ai intégré la première équipe de France. On était l’équipe facile à battre. »
Sa fille de 4 ans, Ayna, assistait à ses entraînements au berceau : « Le jour de mon départ pour les JO de Rio, elle est montée sur une chaise et m’a dit : “Il faut que tu ailles vite, vite, vite, tape fort, faut pas avoir peur !” Maintenant, elle fait du judo et s’entraîne à monter sur le podium. On doit lui prêter nos médailles, mettre La Marseillaise et… ne pas rigoler ! »
« Focalisée sur ma peur, j’étais passée à côté de mon combat pour les JO de Londres. Pour Rio, même s’il y avait 1 % de chance d’y arriver je voulais tenter pour ne pas avoir de regrets. J’avais 32 ans, une fille de six mois, je repartais à zéro… À part mon mari, personne n’y croyait.»
Elle est l’héroïne du documentaire Sarah la combattante de Cédric Balaguier, produit en par Mélissa Theuriau, qui retrace son parcours de ses premiers combats à sa médaille olympique dix ans plus tard.
« Alors que j’avais 14 ans, on a emménagé à Aubervilliers où la salle de taekwondo avait brûlé pendant l’été. Je suis allée voir la salle de boxe anglaise. L’entraîneur Saïd Bennajem m’a proposé d’essayer. J’ai tout de suite adoré l’ambiance et la stratégie, et compris qu’on ne travaillait pas qu’avec les poings. Ma mère avait peur que je sois défigurée comme Rocky, elle demandait à Saïd de me refuser l’accès ! »
« Aux championnats du monde en Chine, je me suis retrouvée en finale face à une militaire chinoise et j’ai perdu sur une décision discutable. Neuf mois après, j’apprenais par un message de félicitations sur mon blog (carnetdesportive. com) qu’elle avait été suspendue pour dopage. J’étais championne mais sans le podium, l’hymne, l’émotion. J’ai reçu la médaille par la poste… »
« Je pensais retrouver une vie normale, mon boulot à Aubervilliers et ma société – tous les sportifs de haut niveau n’ont pas des salaires de footballeur – mais les sollicitations n’ont plus arrêté : l’élysée, les partenaires, les médias, les conférences, jusqu’à Harvard. »
« Jamais je n’aurais imaginé finir ma carrière aux Jeux Olympiques. C’était magique et j’ai savouré chaque instant. Mais j’enfilais mes bandes, mes gants, enjambais les cordes pour la dernière fois et je me demandais si je retrouverais la même motivation ailleurs… »