Stylist

LES FILLES BIEN NE PENSENT QU’À L’ARGENT

Pourquoi se métalliser les cheveux fera de vous une meilleure personne.

- Par Céline Mollet

Le 6 septembre dernier, Kim Kardashian West déboulait au défilé Tom Ford toute de PVC vêtue. Et elle était l’invitée la plus chic de la guestlist. À ce stade, vous vous demandez sûrement quel est le numéro de notre dealer. Spoiler : nous n’en avons pas. Par-dessus ce fourreau en plastique très moulax s’étalait une longue crinière à l’éclat ni blond ni gris. Une teinte pastel métallisée tellement cool qu’elle génère 13 200 000 résultats sur Google. Pour vous donner une idée, ça fait 4 millions de plus que pour Benoît Hamon, par exemple. La morale de cette histoire, c’est qu’on vit vraiment une époque formidable. Et que si le silver pastel fait de Keeks quelqu’un à l’élégance fréquentab­le, alors imaginez ce qu'il peut faire pour vous. S’il existait une échelle de la coolness de la coloration, alors on vivrait vraiment dans un monde de dégénérés la chevelure argent ferait passer son homologue platine pour une

zonarde du Plessis-trévise qui ne sait pas comment s’habiller à un mariage. Sauf qu’en plus de crier à la vie que vous êtes quelqu’un d’edgy, passer au métal fait également de vous une personne avec des conviction­s (vous noterez qu’on n’a peur de rien aujourd’hui, hein). « Le silver hair, c’est un paradoxe, à la fois un camouflage du genre et de l’âge et une façon de se moquer du jeunisme ambiant », décrypte Eric Briones, planner stratégiqu­e. En se métallisan­t la fibre, les trentenair­es font disparaîtr­e les notions d’âge et adoptent une lumière plus qu’une couleur clivante (l’ultra-féminité chaud dehors/chaud dedans du blond par exemple). « C’est un antidote à la pensée unique, à la sur-médiatisat­ion des millennial­s », poursuitil. Attention, nous ne sommes pas en train de vous dire de passer au « gris », à l’instar de toutes-ces-dames-que-tout-le-mondeconna­ît-et-aime-beaucoup-mais-c’estun-autre-sujet-ouh-la-la-je-ne-sais-pluscommen­t-m’en-sortir-là… « Les femmes qui passent au silver ne recherchen­t pas d’effet naturel, bien au contraire : le gris doit sembler artificiel pour avoir cet aspect no gender », explique Romain, coloriste créateur du salon Romain Colors. Tout ce qu’il faut savoir si vous voulez vous thuner la fibre et la personnali­té.

LA CHECK LIST À SAVOIR AVANT DESELANCER.OUPAS.

C’est pour qui : pour tout le monde. Le silver, c’est aussi cool sur Rihanna que Jemima Kirke ou Viola Davis. Le seul truc à process, c’est que vos cheveux doivent être prêts à encaisser un bleaching hardcore. Plus la chevelure est pigmentée, plus le passage au métal est tricky. « Sur une base plus foncée qu’un blond ou un châtain clair, le fond de couleur risque d’être jaune orangé », prévient Romain. Il faudra donc décolorer davantage, ce qui fragilise la fibre à l’extrême et veut dire une hyper-high maintenanc­e à domicile.

Choisir son métal : « Un métal plus prononcé si vous avez le teint mat et un argent plus pâle si votre carnation est claire », conseille Delphine Courteille, hairstylis­t L’oréal Profession­nel. Attention, c’est déjà compliqué de trouver un coloriste qui sait faire un blond, un brun ou un roux correct, l’argent, c’est encore une autre histoire. Choisissez votre pro avec soin (de préférence un expert qui travaille en studio, habitué aux transforma­tions un peu spectacula­ires) et laissez-le ajuster les pigments et les reflets en fonction de la nuance désirée.

Note pour plus tard : encore plus relou que le platine, le silver est une teinte ultracontr­aignante. Les pigments dégorgent très vite (à chaque shampooing, c’est un peu de votre new self qui partira avec l’eau de rinçage). Les racines réapparais­sent entre une semaine et quinze jours. Décoloré, le cheveu a un film hydrolipid­ique en grève et devient hyperélect­rique. Les reflets jaunissent très vite (et chaque jour un peu plus si vous fumez à cause de l’oxydation). Vous allez devenir proche, très proche, de votre coloriste.

Post-it mental : « Benchez-vous sur le silver de Kaley Cuoco, pas trop foncé, facile à porter et très 90’s », Delphine Courteille.

LE PROCESS EN SALON LES PRÉCAUTION­S D’USAGE.

Le training : le cheveu doit arriver chez le coloriste en étant hyper-sain pour encaisser une décolorati­on véner. Un mois avant le rendez-vous, Delphine Courteille préconise une bonne détox : remplacez tous vos shampooing­s et vos capillaire­s bourrés de silicones et de sulfates, qui freinent la prise de la couleur, par un gommage, un masque à l’argile et une huile hydratante pour nettoyer la fibre et le scalp. Vous demandez quoi à votre coiffeur : de couper les pointes car plus le cheveu est sensibilis­é, plus il risque de rejeter les pigments. L’idéal étant d’ailleurs d’opter pour un lob, afin de ne pas avoir de longueurs trop abîmées. Demandez aussi à ce qu’il utilise un soin à base d’acide maléique (vos mots clefs : Olaplex,

Smartbond ou Fibreplex) pendant le bleach : il protège les liaisons du cheveu et évite la casse.

Le timing : posez un RTT. Ceci n’est pas une blague. Ce genre de travail peut prendre jusqu’à huit heures, le temps de bleacher à blanc (ce qui peut se faire en deux à trois étapes si les cheveux sont très foncés). Certains pros vous proposeron­t même de le faire avec un titrage d’eau oxygénée très faible (1 volume à 3 %) en plusieurs jours, afin de laisser le cheveu récupérer. C’est relou (vous porterez un bonnet) mais ils ont raison. Une fois la base platine, le coloriste ajoute des reflets métallique­s, gris perle et argent avec une patine, un produit siliconé entre colo et gloss. Et si vous avez déjà une coloration, il faudra au préalable la démaquille­r, ce qui rallonge la timeline. Post-it mental : « Réfléchiss­ez bien avant de vous lancer. Changer de couleur, c’est changer votre routine quotidienn­e. Si vous êtes adepte de la piscine, du soleil ou des shampooing­s quotidiens, il faudra renoncer... », Ludovic Geheniaux, coloriste expert Eugène Perma Profession­nel.

LE SAV À DOMICILE VOUS AVIEZ DES PROJETS/DES AMI.E.S/UNEVIE?DOMMAGE...

À savoir : le gris, c’est une couleur hypertouch­y. Super-fragile, la patine s’estompe à la vitesse du son. Lavez vos cheveux tous les quinze jours seulement, avec un shampooing neutralisa­nt aux pigments bleus ou violets pour renforcer des reflets acier ou mauve pour un rendu plus perlé. Shampooine­z-vous mais ne les laissez pas poser, histoire de ne pas finir avec des taches.

Le lavage : avant chaque shampooing, faites un cataplasme d’huile nourrissan­te, pour redonner de la souplesse à la fibre. Imprégnez toute la chevelure mèche à mèche et enroulez-la dans une serviette (50 points de bonus si vous la faites chauffer au micro-ondes pour optimiser la pénétratio­n des actifs) pendant trente minutes minimum. Lavez les cheveux avec un shampooing nourrissan­t à la kératine, pas plus de deux fois par semaine pour limiter le dégorgemen­t des pigments. Entre les lavages, réhydratez les cheveux avec un gel d’aloe vera. « Évitez d’appliquer un masque avant le démêlage car sa texture riche force à tirer davantage sur le cheveu, ce qui le casse », prévient Romain.

Le coiffage : vous voyez tous les outils de styling chauffants ? Dites-leur adieu, ils flinguent la fibre aussi vite que Ramzan Kadyrov détruit votre foi en l’humanité. Si vous ne pouvez pas vivre sans votre séchoir, appelez un psy ce n’est pas normal limitez-vous à une chaleur tiède et gardez le bras tendu pendant tout le séchage. Checkez les listes INCI de vos coiffants et ignorez ceux qui contiennen­t de l’alcool (alcohol sur l’étiquette, vous devriez vous en sortir), ultra-desséchant. Préférez des crèmes qui contiennen­t de la kératine. Brossez vos cheveux avec un peigne en corne, qui dépose un film de kératine en bonus à chaque passage.

Post-it mental : « Appliquez une fois par semaine de l’huile de ricin sur les longueurs et les pointes, enroulez-vous la chevelure dans du Cellofrais et laissez poser toute la nuit pour réparer la fibre », Romain.

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