Des idées pour se coucher moins bête

Les desperados ont du souci à se faire dans la dernière livraison Netflix : les cowgirls y ont la gâchette facile.

Passé par plus de come-backs qu’un chanteur de variétés, pourquoi le western n’en finit-il plus de revenir (vingt ans qu’on nous bassine avec sa phase « crépusculaire ») ? Forgé par le Hollywood classique comme un beau livre d’images, détourné par le cool spaghetti, ré-anobli par la mélancolie des Clint Eastwood, pimpé en série B sanglante et tonitruante par Tarantino ou twisté politiquement par le cinéma d’auteur européen, on se demande bien ce que ce petit monde ultra-viril et antédiluvien a encore à nous dire. Pourtant, il suffit de quelques minutes au premier épisode de Godless pour nous donner des envies de chevauchées poussiéreuses dans les plaines arides du Nouveau-mexique. Pur fantasme ? Exactement et Scott Frank l’a bien compris : le western est avant tout une rêverie, un territoire mythologique, métaphorique, quasi-fantastique qui s’explore avec des petits frissons d’excitation et de nostalgie enfantines. Hyper-violente et graphique, sa série redonne de la force à cet univers poussiéreux en le poétisant, sur un mode archaïque et symbolique, daté et pourtant intemporel. Avec un cowboy vertueux (le beau gosse Jack O’connell) et un hors-la-loi dégénéré (Jeff Daniels, très flippant) façon Abel contre Caïn, mais surtout avec pour décor un village déserté par les hommes devenu un repaire de fermières-amazones assoiffées de sang (avec la très classe Michelle Dockery). Un motif qui a le vent en poupe : chez Sofia Coppola (Les Proies), Bertrand Mandico (Les Garçons sauvages, version garçonnes homo-érotiques – sortie au printemps prochain) ou Bruce Labruce (The Misandrists, thriller féministo-punk récemment présenté au festival Chéries-chéris), des hordes de femmes prennent les armes contre les mâles dans des univers semi-fantastiques et oniriques, façon réunion non mixte qui dégénère. Dans cette vague,

Godless s’impose et étend à l’échelle des sexes un vieux mantra western : « Cette ville est trop petite pour nous deux. » R.C. Godless de Scott Frank avec Jeff Daniels, Michelle Dockery, Jack O’connell, saison 1 : 6x60 min., intégrale disponible le 22 novembre sur Netflix.