Julia Sedefdjian

ouvre en février son premier restaurant.

La plus jeune étoilée de France

Fille d’un syndic de copropriété et d’une technicienne en radiologie, elle se rêvait vétérinaire (son lapin, Pépite, la suivait partout). Mais le tarama et la ratatouille de ses parents ont éveillé sa gourmandise. À 12 ans, elle commence à préparer chocolats de Pâques et pièces montées avec le père de sa marraine, pâtissier. C’est la révélation.

« Mon premier jour en cuisine, j’ai mis huit heures à couper dix poivrons… On me disait : “Mets ça au dur !” (au congélateur), je ne comprenais rien. J’ai mis deux semaines à être à l’aise avec le couteau, deux mois à faire la différence entre persil et coriandre. Je me faisais laminer. »

Entrée à ans comme commis aux Fables de la Fontaine, elle remplace le second au bout d’un an puis le chef Anthony David deux ans plus tard : « J’avais toujours fait la cuisine de mes chefs. Quand j’ai récupéré la toque, je me suis trouvée conne, qu’est-ce que j’allais faire ? Quand j’ai dressé mon aïoli la première fois, j’ai compris que j’étais là ! »

Elle a perdu à l’automne kilos en trois mois : « La cuisine c’est dur, tu cours après la montre toute la journée, tu es tout le temps en train de goûter, trop stressée pour manger pendant trois jours puis tu craques sur n’importe quoi.»

« J’étais une ado rebelle, ma pauvre maman venait fois par semaine au collège. J’ai senti que ce milieu avec beaucoup de règles allait me canaliser. » À ans, elle entre en lycée hôtelier pour un CAP cuisine et un CAP pâtisserie : « Ma mère m’attendait dans sa voiture jusqu’à la fin du service, à

h . À ans, j’ai pris mon appart à côté du restau. »

Poussée par David Faure, le chef étoilé de l’aphrodite, elle obtient en la médaille d’or régionale du meilleur apprenti de France avec une pintade farcie au chutney pommes-poires-ananas.

« L’étoile, je me disais que le Michelin ne me la donnerait pas à 21 ans. Le 1er février 2016, je commence mon service le ventre tordu. L’heure tourne. En plein coup de feu, le patron David Bottreau s’agenouille en cuisine avec un bouquet de fleurs : “Je suis devant la plus jeune étoilée de France.” Les larmes… Quelle récompense pour mes gars ! Les inspecteurs sont des filous, pas un seul ne s’était présenté ! »

Invitée d’un festival de gastronomie française à Séoul, elle a cuisiné à quatre mains avec le chef du Ryunique, Tae Hwan Ryu : « C’est enrichissant de nourrir sa cuisine avec des voyages, des livres. Aujourd’hui je préfère être surprise par un bistrot que déçue par un étoilé mais j’ai lu l’histoire d’anne-sophie Pic, elle a des couilles, il faut absolument que j’aille dans son restaurant à Valence ! »