Milkshake Duck
Entre être adulé par le Web tout entier et voir votre vrai visage affiché en place publique, il n’y a qu’un pas : celui qui va vous transformer en milkshake duck.
CE QUE ÇA SIGNIFIE
Littéralement « le canard au milkshake ». Qui n’est pas la dernière recette chelou publiée sur Tasty mais une image utilisée pour la première fois par un graphiste australien, Pixelated Boat, en juin 2016 dans un tweet qui, en VF, donne « Internet adore Milkshake Duck, un canard adorable qui boit des milkshakes. *5 secondes plus tard* Nous avons le regret de vous annoncer que le canard est raciste ». Une mise en scène par l’absurde de combien Internet est capable de se prendre de passion pour un anonyme en vogue avant que tout s’effondre. Un an plus tard, la blague prend de l’ampleur et devient un mème avec l’affaire Tim Soret, parfaite illustration du milkshake duck. Le créateur de jeux vidéo fait en effet sensation au salon mondial E3 de Los Angeles et devient la coqueluche de la presse spécialisée avant que ne ressortent ses prises de position, online, en faveur des idées du Gamergate, mouvement de joueurs anti-féministes que certains décrivent comme le Tea Party du jeu vidéo.
POURQUOI ÇA PREND
Parce qu’on avait besoin d’un mot pour qualifier les affaires Mehdi Meklat ou Rayan Nezzar. Le premier, qui a lancé le Bondy Blog avant de collaborer avec de nombreux médias et de publier des livres, a vu cinq ans de tweets racistes, antisémites et homophobes (dont pas mal tombent sous le coup de la loi) qu’il avait publiés sous pseudo sortir au grand jour. Car avec la grande mémoire collective qu’est Internet, rien n’est jamais vraiment oublié et n’importe quel patrimoine numérique plus ou moins sombre peut être exhumé à tout moment, surtout dans les heures de gloire. Un souci que vient de rencontrer le macroniste Rayan Nezzar qui, tout juste nommé porte-parole de La République en Marche, a dû aussitôt démissionner de ses fonctions après la publication par Buzzfeed de vieux tweets gênants. Rien de pénalement répréhensible,