Stylist

SONIC SPICE

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Non, ce n’est ni la Pete Best des Spice Girls, ni la prochaine héroïne des X-men. C’est un super-pouvoir que les marketeurs really-really-want, puisqu’il permet de nous hacker le cerveau et la CB. Car lorsqu’on joue sur les correspond­ances son/odeur, appelées congruence­s dans le jargon des blouses blanches, le premier vient booster le plaisir qu’on tire du second. Magnéto de cette science du transfert sensoriel, le professeur Charles Spence dirige le Crossmodal Research Laboratory au départemen­t de psychologi­e expériment­ale de l’université d’oxford (comme origin story, ça se pose là). Ainsi, avec la société Condiment Junkie, il a participé à la mise au point de Sounds of the Sea, plat-star du superchef Heston Blumenthal : un poisson d’autant plus savoureux qu’il est relevé d’une bande-son de vagues, de corne de brume et de cris de mouettes (l’ipod est glissé dans un

coquillage). « Comme 75 % de ce que nous goûtons provient de l’odorat, il est très probable que selon la musique que nous écoutons, notre perception d’un parfum sera différente, explique-t-il. La présentati­on simultanée d’une odeur et d’un son congruents peut conduire à mieux aimer l’odeur. » On jouira donc mieux du bouquet vaporeux de Voulez-vous coucher avec moi de By Kilian grâce aux orchestrat­ions dreamy de Lana del Rey dans Lust for

Life qu’avec le tchiki-tchiki-ya-ya-dada de Lady Marmelade. En revanche, les notes boisées étant associées aux sons graves, le choeur de faussets célestes des Beach Boys risque de pourrir le patchouli d’oud Vibration de Dear Rose. On leur préférera le timbre profond de Nina Simone s’accompagna­nt au piano – dont le son correspond­rait à sa note de tête : la framboise.

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