Culturist
Des idées pour se coucher moins bête
Dans un lycée d’une petite ville du fin fond des États-unis, un prof de lettres idéaliste se bat pour faire vivre le club théâtre. Quand il réussit à recruter le quarterback star pour monter sa prochaine comédie musicale, le coach décide de lui déclarer la guerre. Ça vous rappelle quelque chose ? En apparence, oui,
Rise a l’air d’un mauvais remake de Glee, la série fluo-pop de Ryan Murphy où les ados réglaient leurs conflits sur des covers de Lady Gaga. C’était en 2009, et tout ça semble déjà loin. Là où Murphy n’était qu’ironie, clin d’oeil et sur-spectacle pour raconter la génération Youtube, Rise saisit notre époque par l’intime et la bienveillance. Sans drames hystériques, sans récit concept, sans montage épileptique, la série prend juste le temps de suivre ses personnages, de les regarder douter, s’aimer, s’engueuler avec une simplicité à la fois déconcertante et réconfortante. À l’opposé des standards spectaculaires et hyper-addictifs des séries d’aujourd’hui, Jason Katims réaffirme, sept ans après la fin de son sublime Friday Night Lights, la beauté évidente de la série comme art du quotidien. Mené par Josh Radnor, l’ex-ted Mosby
(How I Met Your Mother), parfait en meneur de troupe et père inquiet à cheveux blancs, le casting adolescent est à l’image de la série, plein de gravité et d’humanité. Du jeune gay prisonnier de la foi de ses parents, jusqu’à la fille à papa déçue par les adultes en passant par un beau personnage d’ado transgenre, la série regarde, via ses teens inquiets, les fractures de l’amérique et le fossé des générations. Mais toujours avec une envie folle et contagieuse de tout réconcilier, de tout faire avancer malgré tout. Sur les airs de Spring
Awakening, la comédie musicale culte, la série finit par organiser une prise de conscience collective, une révolte par l’art et la douceur. On aurait pu la croire idéaliste et cliché par sa façon d’atténuer la violence du monde mais Rise est en fait une grande série politique sur l’amérique sans histoire, celle qui trime et s’inquiète de ce qu’elle léguera à ses enfants. R.C. Rise de Jason Katims avec Josh Radnor, Marley Shelton, Rosie Perez, Ted Sutherland, saison 1, 10x50 min., diffusée aux USA sur NBC.