Comment elle en est arrivée là ?

Franco-suédoise (sa mère vient de Malmö, son père est charentais), elle a grandi dans un pavillon cossu de la vallée de Chevreuse où elle a appris le saxophone et le piano, chanté à la chorale et mixé dans sa chambre. Passionnée de musique, elle se souviendra toujours de son premier concert à 11 ans : Mylène Farmer à Bercy. « C’est le meilleur souvenir de ma vie. Aujourd’hui, même les copains d’acid Arab et Teki Latex assument l’aimer ! » Depuis 2006, le collectif Barbi(e) turix, animé par une dizaine de Riot grrrls, donne de la visibilité à la pop culture lesbienne et girly à travers un fanzine (où l’on peut lire « pourquoi la fesse est politique »), un site internet et des soirées à Paris, Lyon et Lille. Seule personne de la bande à temps plein, Rag en est devenue la directrice artistique et programmatrice. « En plein mariage pour tous, on a eu le char de la gay pride “Gouines comme un camion” avec les filles de Kill the DJ, Beth Ditto et Peaches comme marraines et Virginie Despentes est venue mixer. Je suis bénévole au centre inter LGBT et en on m’a proposé une place qui se libérait à la prog’ de la grande scène, qui réunit

personnes à République. Cette année, bébé oblige, je passe la main. » Elle s’est mariée l’été dernier à l’île d’aix avec Maud, une infirmière rencontrée en soirée. Elles seront en juin mamans d’un petit garçon : « On a fait une PMA en Belgique, c’est long, cher et chiant. Là-bas, ils ne comprennent pas les blocages français. Ce serait bien qu’on avance plus vite sur la reconnaissance de la filiation.» Après quatre ans à la réception du Lutetia où, les cheveux longs et en uniforme, elle voit défiler stars bourrées et philosophes friands du « day use », elle envoie un CV au MK2 Bibliothèque. Responsable d’exploitation avec 50 personnes sous ses ordres, elle organise événements et avantpremières avec les Brangelina ou Jodie Foster. « Les soirées Wet For Me sont un espace safe pour les filles qui veulent danser. On a accueilli Peaches, Ebony Bones, Ellen Allien, Chloé, Jennifer Cardini, Karin Dreijer (Fever Ray) après les attentats. On est près de à chaque édition. Pas de Wet sans drama, il y a toujours quelques claques qui volent et des couples cachés derrière les rideaux… » Rag mixe de son côté pour d’autres soirées à Paris, Berlin, Bruxelles… « Mon truc c’est l’électro, la deep house avec un peu de disco au milieu, je ne tabasse pas les BPM.» « J’ai découvert à New York une culture club différente, queer, joyeuse. C’était plus glauque et cloisonné à Paris où on voyait surtout des hommes avec des jeunes… » « J’adore la moto aussi, je roule sur une vieille BM R650 de 1978, avec des pots de course sur les côtés qui font un très beau bruit, en tout cas selon moi ! »