CE À QUOI VOUS AVEZ ÉCHAPPÉ
On reproche au cinéma son manque d’inspi, mais ce n’est rien à côté du cimetière des scénars jamais tournés. Hendy Bicaise en sait quelque chose, il est lecteur pour une major.
POURQUOI LE CINÉMA EST-IL MALADE DE STÉRÉOTYPES ? Le succès en salles de comédies truffées de lieux communs, comme celles de Philippe de Chauveron (Qu’est-ce qu’on a fait au bon Dieu ?, À bras ouverts) n’incite pas les auteurs à se dépasser, et l’idée tenace selon laquelle « la première idée est la meilleure » a tendance à entretenir les automatismes et les schémas préconçus. Mais contrairement à un a priori populaire, on faisait autant de remakes et de reboots dans les années 60.
L’ORIGINALITÉ À TOUT PRIX VAUT-ELLE FORCÉMENT MIEUX ? Pour avoir lu des 230 pages de fantasy forestière ou de récit abstrait entrecoupé de pages blanches signifiant l’aération de la narration, non. Mais les scénaristes qui abusent de stéréotypes culturels sont peut-être pires : ils ne réalisent pas qu’ils les confortent dans l’inconscient, quand bien même un personnage les contredirait à deux minutes de la fin pour leur donner bonne conscience.
UN GIMMICK POUR LEQUEL TU AS UNE PETITE AFFECTION COUPABLE ? Le ping-pong du mot inconnu : quand un personnage incrédule fait répéter un mot parce que le spectateur a besoin qu’on le définisse : « Moldu » dans Harry Potter, « Tesseract » dans Avengers… Dans un scénar qui parle de la transidentité, il y a immanquablement cet échange : « C’est une personne transgenre./une personne trans-quoi ??/ Transgenre. C’est-à-dire une personne qui… »