Stylist

On vous met en boîte

Quand la déco vous met la fièvre (du samedi soir).

- Par Déborah Malet

Quand la déco vous donne la fièvre (du samedi soir)

Qu’ont en commun la dernière édition du Salone del Mobile de Milan et l’exposition en cours au Vitra Design Museum à Weil am Rhein (pas de mystère, c’est en Allemagne) ? Nous faire faire la fête à la maison. La collection Disco Gufram dévoilée en avril à Milan a fait péter les boules à facettes posées sur des consoles, les tapis « dancefloor » et les sièges en matières irisées qui méritent amplement un « Shantay, you stay ». Quant au studio de création Studiopepe, il inaugurait son club secret Unseen inspiré des boîtes intimistes des 70’s, avec bartenders et performanc­es musicales, dans un entrepôt près de la Piazza del Tricolore. L’exposition qui se tient jusqu’au 9 septembre en Allemagne, Night Fever, passe en revue près de soixante ans de design d’intérieur et d’architectu­re influencés par la culture club. « De nombreux designers et architecte­s se sont fait la main dans les night-clubs, de l’anglais Ben Kelly (l’haçienda) au Français Philippe Starck (Les Bains Douches). Ils ont utilisé les boîtes de nuit comme des espaces expériment­aux. Et d’où ont émergé des objets tels que la boule à facettes, la piste de danse lumineuse, mais aussi l’importance du son et de la lumière pour créer des atmosphère­s dans son intérieur (#setdesign) », nous affirme Catherine Rossi, co-curatrice de l’exposition. Vous pensez la déco de club hors de portée de vos intérieurs et tout juste bonne à habiller une MJC de quartier ? Détrompez-vous, les Scandinave­s n’ont jamais autant été férus de couleurs et de matières glitter (on parle depuis un an de style South Scandinavi­an), les miroirs – rappelons que c’est ce qui a inspiré la boule à facettes – sont partout à tel point que même l’acteur américain Seth Rogen (En cloque mode

d’emploi) en a créé récemment avec le studio Bower et que les mini-canapés deux places à l’armature rigide se font désormais éjecter par les banquettes oversized. Des gimmicks déco qui se sont épanouis en club avant de trouver le chemin de la maison. Destinatio­n fiesta donc, avec ce guide qui vous donnera une raison de plus de rester chez vous le 21 juin pour la Fête de la musique (au moins, vous ne risquez ni la fermeture administra­tive ni la garde à vue).

FAUT SE METTRE EN PISTE L’effet recherché :

délimiter l’espace au sol pour créer un dancefloor. Car c’est grâce au disco dans les années 70 que la piste de danse se voit pimpée à mort – souvenez-vous de celle en carrés lumineux où se trémousse John Travolta dans Saturday Night Fever tout en pattes d’eph’, col pelle à tarte et virilité capillaire sur fond de Bee Gees… Avec le disco, ça a été l’avènement du m’as-tu-vu, grosso modo de l’attention-whoring, et le dancefloor, évidemment au centre de la pièce et de toutes les attentions, devient une scène de théâtre que l’on agrémente de miroirs jusqu’à l’overdose – du sol au plafond pour les plus voyeurs –, et autour duquel les meubles viennent former un cordon de sécurité. LE MATOS NÉCESSAIRE : 1. Cette bibliothèq­ue Alba avec ses étagères intégrées en verre teinté, imaginée par Bernhardt & Vella pour Arflex, (prix sur demande,

arflex.it). Idéal pour qui n’aime pas lire – car sinon c’est trop chargé et on ne voit plus rien entre les étagères. 2. Ces panneaux de miroir Shift de Kaschkasch pour Bolia (349 €, bolia.com), à poser le long de votre mur (et en plus ça agrandit la pièce, on va pas bouder notre plaisir). 3. Ce tapis Super Fake de Bethan Laura Wood pour CC Tapis (prix environ 6 875 €,

cc-tapis.com) qui mettrait carpette n’importe quel clubbeur.

FAUT QUE ÇA DÉFONCE L’effet recherché :

du brut, de la poutre apparente, du mobilier récupéré, de la lumière de fortune, du mur crade, du béton amer, le tout limite ambiance squat. On se tourne vers (le bloc de) l’est et la chute du mur qui a permis de squatter et de transforme­r des usines désaffecté­es et autres bunkers, en lieux de fête. Undergroun­d (viens faire un tour dans ma cave). La déco des clubs type Berghain à Berlin ou Uebel & Gefährlich à Hambourg sont à l’image de la musique qu’ils véhiculent, minimale. Comme la techno et l’électro, ça tabasse donc sans faire de manières ni de chichis. Un côté urbain et dans la street assumé par l’haçienda, temple de l’acid rave dans les années 80-90, à tel point que l’architecte anglais Ben Kelly a imaginé des détails semblables aux rubans de signalisat­ion de chantier (les bandes noires et jaunes). Complèteme­nt mad(chester). LE MATOS NÉCESSAIRE : 4. Ce fauteuil Kiki rhabillé de rayures signalétiq­ues, Kvadrat et Raf Simons (prix sur demande, artek.fi). 5. Ce vase (179 €, lyon-beton.com) en forme de tour de refroidiss­ement de centrale nucléaire. Ambiance. 6. Ces lampes LED Ikea (29,90 €, ikea.fr) à poser dans chaque coin, pour que vos ami.e.s (oui, ceux et celles qui défilent occasionne­llement pour Vetements) ne soient pas totalement dans le dark.

FAUT QUE ÇA SENTE LE STUPRE L’effet recherché :

le faste des boîtes fric et chic des années 70-80 (Palace, Bains Douches, Studio 54 où l’on pouvait arriver à sa boum d’anniversai­re sur un cheval blanc comme l’a fait Bianca Jagger). Voire une ambiance très feutrée de boîtes à cul, version Le Baron année 2000 période André et Beigbeder le-nez-dans-la-poudreuse. On pense donc luxe et luxure, avec un mobilier qui joue sur les matières nobles, sensuelles et sensoriell­es (le velours, le doré, le marbre, les moulures…), comme à l’hôtel Bourbon où le mobilier 70’s côtoie des photos érotiques de Willy Rizzo placardées aux murs. LE MATOS NÉCESSAIRE : 7. Ce pot en forme de tête de lion de Garden Glory (125 €, gardenglor­y.com), digne d’une châtelaine lubrique. 8. Ce pouf en velours rose de Busetti Garuti Redaelli (gros carton au Scrabble) pour Bolia au nom évocateur… Petit Bonbon (460 €, bolia.com). 9. Cette applique art-déco en demi-lune de The Socialite Family (390 €, thesociali­tefamily.com).

FAUT QUE CE SOIT KITSCH

L’effet recherché : coloré, ludique, parfois jusqu’à l’absurde. Dans les années 60, les Italiens Superstudi­o, UFO, Gruppo 9999 et Archizoom fondent le mouvement du Design Radical avec le but affiché de faire un pied-de-nez au bon goût (prôné par le Good Design). Quelque part entre la doctrine libertaire hippie, le pop art et le parc d'attraction­s, ces créations ne font ni dans le noble ni dans le low profile en ce qui concerne les matières (du plastique, du vinyle, etc. easy à nettoyer quand on renverse son gin to'), les couleurs (tout Pantone y passe) et les formes (improbable­s). À l’image du Piper à Turin désigné par le trio Derossi-cerettiros­so en 1966, tout en fauteuils en plastique et geyser de couleurs ou encore le Bamba Issa, un club toscan imaginé par UFO en 1969 et inspiré par… Mickey Mouse. LE MATOS NÉCESSAIRE : 10. Ces clips en forme de main (Pinch Clip de Nick Demarco, 30 $, areaware.com). À quoi ça sert ? À rien si vous ne lui trouvez aucune utilité, mais c'est déjà un bon début si c'est pour fermer des paquets de chips. 11. Ces bouteilles bicolores de George Sowden pour Hay (à partir de 35 €,

hay.dk) en plastique et acier. 12. Ces cubes Cubicles de Fort Makers peints par Naomi Clark (5 504 €, fortmakers.com), qui s'assemblent pour former différente­s assises.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France