DEVENIR RÉAL DE DOCUMENTAIRES
Le pitch : Votre regard décalé et votre immense empathie font la joie de vos amis qui se délectent de vos récits quand vous croquez les échecs sentimentaux de votre marchand de poisson. Faites-en profiter le terre entière en racontant le monde une caméra à la main. En plus, vous pourrez pécho (des prix) dans les festivals.
Les casseurs d’ambiance : Côté matériel, pas la peine de vendre un rein pour s’équiper. « À partir de 700 euros, on peut trouver un appareil photo de super-qualité, estime Alexis Coudray, assistant de production chez Zadig Productions. On peut même tourner à l’iphone et au micro-cravate, tant que le fond est suffisamment intéressant pour faire oublier l’image. » Quand on décroche un contrat avec un producteur, c’est lui qui prend tout en charge, dont le matériel et les déplacements : « On débourse en moyenne 200 000 euros par projet », indique Alexis Coudray. Le réalisateur est rémunéré avec un forfait de droits d’auteur, et en tant que technicien. « Ça varie entre 10 000 et 40 000 euros, et plus la personne est confirmée, plus elle aura un forfait important », explique-t-on chez Zadig Productions.
Les mains dans le cambouis : « Je passe la moitié de mon temps devant mon ordinateur à faire du montage », raconte Guillaume Bodin. « Sur chaque tournage, je me suis retrouvé avec trente heures de rush pour obtenir une heure et demie de film à la fin. » Pendant trois ans, cet ancien vigneron ne s’est pas versé de salaire : « Mon RSA finançait mes charges de production et mes repas. Je dormais chez des amis, et parfois dans ma voiture. Je travaillais entre 70 et 90 heures par semaine. Il faut un esprit très militant pour tenir. » Pour promouvoir et distribuer son premier film, La Clef des Terroirs (2011), il enchaîne 250 projections, à raison de 3 par jour. « J’étais rémunéré au prorata du nombre d’entrées, qui rapportaient chacune environ 2 euros. »