Stylist

UNE BOUFFÉE D’OUTREGOURM­ANDISE

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C’est au détour d’une discussion avec le parfumeur Jean-michel Duriez dans l’ouvrage

Au Coeur du goût (Agnès Viénot, 2012) – traité food porn exigeant bac + 18 en pâtisserie – que le chef Pierre Hermé utilise le terme d’outre-gourmandis­e. Or c’est précisémen­t au sujet du premier parfum gourmand, Angel qu’est évoqué ce « flirt avec l’excessivem­ent bon », transgress­ion de la bienséance culinaire poussé jusqu’à « l’érotisme du goût ». « Angel a ouvert la voie à un surdimensi­onnement de l’arôme, explique Jean-michel Duriez. En 1992, du côté du public, la note gourmande a été accueillie avec une sorte d’euphorie, comme si l’horizon d’attente correspond­ait à ce renouveau de la volupté des sens.» Dans la foulée du succès d’angel, cette outre-gourmandis­e « a quitté au fil des ans le référentie­l des notes pour enfants pour intégrer une perception de luxe », précise Maxime Laurent, manager marketing chez Dolce&gabbana, en citant le succès foudroyant de «The Only One, étonnant accord violette-café de Violaine Collas, preuve en est que ces notes figurent désormais dans la parfumerie de niche qui, jadis, les rejetait ». C’est ainsi qu’aliénor Massenet glisse un alléchant arôme Nutella dans le soyeux Sandalsun, de la marque Hermetica, inspirée de l’alchimie. Ou que Tom Ford vend au prix du caviar beluga la cerise macérée dans les muscs animaux de Lost Cherry – ledit fruit signifiant la virginité perdue dans l’argot des USA.

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