CONTRÔLE TECHNIQUE
Nos experts passent la culture au scanner.
Une intime conviction, tiré de l’affaire Suzanne Viguier et Grâce à Dieu, des scandales pédophiles non encore jugés du diocèse de Lyon, voient leur actuelle diffusion en salles contestée par les parties prenantes des procès. Quels sont les bails quand le ciné s’aventure sur le terrain glissant de l’actu judiciaire ? Le point avec Camille Mogan, avocate au Barreau de Bordeaux. Propos recueillis par T.R. Qui peut faire interdire la sortie d’un film ?
Soit une organisation comme Promouvoir, qui interpelle la juridiction administrative pour bloquer des visas d’exploitation au regard, par exemple, de la protection de l’enfance (Love,
La Vie d’adèle…). Soit une personne qui estime qu’un film est attentatoire à sa vie privée – un concept très large – et qui n’a pas besoin d’être partie prenante du procès pour cela.
Pourquoi l’atteinte à la présomption d’innocence ne bloque pas la sortie de Grâce à Dieu ?
Je pense que c'est parce qu’il se base sur des faits révélés publiquement, des verbatims du père Preynat (qui reconnaît sa culpabilité), du cardinal Barbarin ou des plaignants. C’est suffisamment discutable pour que les avocats du père Preynat aient demandé en référé (donc en urgence) un report de la sortie, mais il a été refusé. Dans des contentieux de ce type, la justice française reste plutôt pro-liberté de création.
De quoi se protège-t-on quand on change les noms ?
De rien si on se contente de ça. C’est ce que réclamait Régine Maire, ancienne collaboratrice de l’archevêché de Lyon, représentée sous son vrai nom dans Grâce
à Dieu. Mais quand on peut tout reconnaître, modifier les noms ne change strictement rien. Le film se serait exposé exactement aux mêmes attaques s’il avait changé le nom du cardinal Barbarin en Barbare, ou que sais-je.
Une intime conviction d’antoine Raimbault avec Olivier Gourmet, Marina Foïs, 1 h 50. Grâce à Dieu de François Ozon avec Melvil Poupaud, Denis Ménochet, 2 h 17.