MONTRE-MOI TES MICHES
Pour son dernier défilé hommes baptisé Le Meunier, Jacquemus a envoyé des miches paysannes en guise de cartons d’invitation tandis que la créatrice d’accessoires en cuir végétal Amélie Pichard se promène hilare dans les rues de Paris, une énorme baguette tradition sous le bras sur les photos illustrant sa collection Bistrot Bag. Et si l’accessoire à la mode cette année était le pain ?
Oui, mais pas n’importe quel pain : le rustique (rép’ à ça le gluten). C’est timidement en 2017 que Chardon installée aux Grands Voisins à Paris s’intéresse dans sa boulangerie-laboratoire aux « farines issues de variétés paysannes », insufflant une tendance qui fera glaner au pain, comme avant lui le vin, le qualificatif de « vivant ». Un retour à l’ancienne, opéré en novembre dernier par le chef étoilé du restaurant l’épicure du Bristol Eric Fréchon puisqu’il a inauguré son propre fournil et moulin de meule de pierre au sein du palace, après s’être formé auprès du boulanger Roland Feuillas. L’enjeu, là aussi, consiste à dépoussiérer les blés anciens (engrain, amidonnier, poulard). Le chef Anthony Courteille, boulanger de formation, a eu cette même envie de redonner un sens au terme galvaudé de « tradition ». Son restaurant parisien Matière à… s’est transformé récemment en boulangerie baptisée Sain avec son fournil ouvert et toutes les farines issues de variétés de céréales d’avant 1950. En plus, le chef-boulanger utilise un pétrin de hêtre pour bosser sa pâte. Alors, on s’en paye une tranche ? Boulangerie Chardon, 82, rue Denfert-rochereau, Paris-14e ; Pain Vivant de L’epicure-bristol, 112, rue du Faubourg-saint-honoré, Paris-8e, eric-frechon.com ; Sain Boulangerie, 15, rue Marie-et-louise, Paris-10e, sain-boulangerie.com