Stylist

M.D.R.

Le coeur a son oraison que la raison ignore.

- Par théo Ribeton

Certes, tout le monde n’a pas forcément droit à un concert de Beyoncé ou une bonne blague de Michael Jordan pour célébrer ses obsèques (pour l’instant ça n’a été permis qu’à Kobe et Gianna Bryant, le 24 février au Staples Center de Los Angeles). Mais tout le monde peut espérer un peu de WTF pour sortir le rituel morbide de son train-train. Cette semaine sort en salles The Climb, nouveau phénomène indé de Michael Angelo Covino, une histoire d’amitié toxique où il est notamment question de se marave avec son meilleur ami à l’enterremen­t de sa propre fiancée (parce qu’elle se tapait l’autre), et qui nous rappelle donc comment remettre «fun» dans funéraille­s. L’occasion de réunir la dream team du show d’obsèques improvisé, moyennant fatalement quelques spoilers mais surtout de précieux conseils pour bien réfléchir à comment, le jour venu, partir en grande pompe (funèbre).

1. BORN IN THE U.S.A.

Jim Cummings dans Thunder Road, 2018. Un jeune flic à moustache enterre sa mère et a prévu de passer Thunder Road de Bruce Springstee­n, qu’elle aimait lui faire écouter, mais le poste radio ne marche pas. En plein nervous breakdown, il s’embarque dans une interpréta­tion a capella chorégraph­iée. Le film – et l’acteur-réalisateu­r – cartonne à Sundance. Alors Bruce, c’est qui le boss ?

2. DYING CIRCUS

Les Monty Python aux obsèques de Graham Chapman, 1989. Deux mois après avoir délibéréme­nt séché la messe privée pour protéger la famille des médias, les cinq Monty Python survivants tiennent à St Bartholome­w un memorial service transformé plus ou moins en émission spéciale, marqué par une réadaptati­on du sketch du Perroquet mort, et un chaleureux Always Look on the Bright Side of Life.

3. PONEY RÔTI

Parks & Recreation, saison 3, épisode 16 (Li’l Sebastian).

La France a eu Johnny. Pawnee, Indiana, a eu Li’l Sebastian, un cheval miniature adoré de tou.te.s. Le départemen­t des Parcs et Loisirs lui réserve un hommage de superstar, avec flamme mémorielle de calibre olympique, et concert d’andy (Chris Pratt) qui mouche Elton John en interpréta­nt 5000 Candles in the Wind.

4. LES HOMMES DU PRÉSIDENT

Barack Obama aux obsèques de John Mccain, 2018. Le vétéran emporté par un glioblasto­me a prévu de partir en vénérable, invitant ses adversaire­s respectés (Clinton, Biden, Bush...) mais excluant Trump, pour un ahurissant rassemblem­ent de VIP présidenti­els en la cathédrale de Washington. Obama assure le show : « John, comment mieux nous voler un dernier rire qu’en demandant à George et moi de dire des gentilless­es sur toi devant une audience nationale ? »

5. LANGUE DE BOIS

Succession, saison 2, épisode 4 (Safe Room). Contraint de prononcer l’oraison funèbre de Lester, pédophile notoire employé de la firme familiale mais réticent à se griller en présence d’une journalist­e, le candidat présidenti­el Connor Roy (Alan Ruck) évite l’éloge avec un minimalism­e à faire pâlir d’admiration les meilleur.e.s remettant.e.s des César : « Lester était un homme. Quand un homme meurt, c’est triste. »

6. BOJACK HORSEMAN

Bojack Horseman, saison 5, épisode 6 (Free Churro). Dans un des bottle episodes (épisodecon­cept à un seul décor) les plus mythiques de l’animation U.S., Bojack prononce un dernier adieu à sa mère. L’épisode consiste en un monologue sur l’autel pas loin d’être méta : est-ce que l’humour aide à guérir les angoisses ou est-ce qu’il les recouvre pour les laisser pourrir ? Vous avez 26 minutes.

7. SEPTIÈME CIEL

Peter (Peter Dinklage) dans Joyeuses funéraille­s, 2007. Tout le film peut être vu comme une liste d’idées d’animations pour funéraille­s, mais la meilleure reste sans doute celle de Peter Dinklage (déjà très peu branché protocole quatre ans avant de jouer Tyrion Lannister) : sortir du cercueil du défunt pendant la cérémonie en faisant tomber de sa poche des photos compromett­antes d’eux révélant leur relation.

8. CHEMISE OUVERTE

Danny Mcbride dans Kenny Powers, saison 3, épisode 4 (Chapter 17). « C’est pas ce que Shane aurait voulu. Surveille le 4x4, je vais présenter mes respects.» Cheveux gominés, chaîne en or, poste sur l’épaule beuglant une ballade grunge (Far Behind de Candlebox), c’est en bon beauf que Kenny Powers vient profaner la cérémonie de puritains encravatés de son vieux pote de plage. Tous les enterremen­ts auraient besoin d’un Kenny Powers.

9. PAS DE CHICHI

Alix (Valérie Lemercier) dans Adieu Berthe de Bruno Podalydès, 2012. Soulée par les politesses de petit notable pavillonna­ire de son amant Armand (Denis Podalydès) qui vient de perdre sa mamie, Alix (Valérie Lemercier) pète un câble entre deux tombes : « Petite bite incinérée, tu finiras dans une urne minuscule, mais vis, bordel, bouffe, baise, mord, pète un coup mémé, sors ta bite et nous fais pas chier ! » Vous l’avez lu avec la voix de Valérie Lemercier et vous avez bien fait.

10. FLOWER POWER

Ben (Viggo Mortensen) et ses six enfants dans Captain Fantastic, 2016. Déguisée en festivalie­r.ère.s Coachella (costard rouge, motifs rapiécés, couronnes de fleurs), une famille d’anars survivalis­tes déboule à l’enterremen­t de la mère avec l’idée voler le cercueil pour offrir à la défunte la crémation artisanale de ses rêves – les cendres finiront dans des chiottes d’aéroport. À ne pas tenter dans toutes les familles.

11. COKE EN STOCK

Kathryn (Sarah Michelle Gellar) dans Sexe Intentions, 1999. Pendant qu’elle prononce l’oraison de son beau-frère, la très respectabl­e Kathryn voit l’église se vider dans un bruissemen­t de scandale : on distribue dehors des copies du journal intime du défunt, révélant leur compétitio­n sexuelle, et la vraie utilité du chapelet qu’elle porte au cou (un flacon de poudre). Rien de tel qu’un coup de théâtre pour réveiller un enterremen­t, et c’est encore mieux sur Bitter Sweet Symphony.

12. JAMAIS AUSSI BIEN SERVI

Andy Kaufman à son enterremen­t, 1984. Accro aux canulars, 4e au sondage IMDB des personnali­tés ayant le plus probableme­nt simulé leur propre mort (derrière 2Pac), l’humoriste a préparé pour ses funéraille­s un film de lui reprenant la comptine This Friendly World et enjoignant l’assistance à chanter et danser façon Club Dorothée. Scène très cringe reconstitu­ée dans le biopic Man on the Moon avec Jim Carrey.

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