Stylist

PARCE QUE…

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Vous n’aimez pas lire

En 2019, vous préférez vous abîmer les yeux devant Netflix plutôt que devant des caractères imprimés trop petits. Voilà pourquoi le 7 mars, vous vous enfilez le premier épisode de la 11e édition de la Rupaul’s Drag Race au lieu du pavé de Philippe De Villiers. Déçu.e par un casting un peu fade, vous voyez soudain débouler Plastique Tiara, poupée grandeur nature résumant son drag selon la règle des « 3 P : précieux, persévéran­t et pussy.» Depuis, vous en êtes convaincu.e : le plastique, c’est pas forcément cheap.

Vous êtes radin.e

En 2018, au lieu de payer un abonnement Spotify, vous en êtes encore à « écouter » de la musique sur Youtube. Un matin de janvier, l’algorithme vous propose une vidéo de 7 minutes : « I know that’s plastic loooove. Dance to the plastic beat, another morning coooomes.» Perle de city pop japonaise 80’s, Plastic Love de Mariya Takeuchi sera visionnée 5,33 millions de fois dans le mois. Dont 3,33 millions de fois par vous. En consacrant, des mois plus tard, le titre « meilleur morceau pop du monde », Noisey aura compris bien après vous que le plastique, il va falloir faire avec.

Vous êtes honnête

En 2017, au lieu de streamer sauvagemen­t des films pixellisés, vous la jouez réglo. Animal en voie de disparitio­n qui possède encore un lecteur Blu-ray, vous faites l’acquisitio­n en octobre du Lauréat, le film coming of age de Mike Nichols enfin numérisé. Cette sentence « L’avenir est dans le plastique », assénée par un ami de son père enfermant le jeune Benjamin Braddock, fraîchemen­t diplômé, dans une carrière qu’il n’a pas demandée, a eu sur vous un effet prophétiqu­e : la liberté n’est qu’un luxe petit-bourgeois des 70’s mais le plastique, ça c’est le turfu.

Vous êtes angoissé.e

En 2005, Jean-françois Copé est ministre du Budget, Florent Pagny condamné pour fraude fiscale. Dans ce monde qui n’a plus de sens, vous décidez de vous anesthésie­r la raison avec un chef-d’oeuvre de la pop culture : Lolita malgré moi. Nouvelle élève dans un lycée de l’illinois, Cady Heron est plutôt tarte. Jusqu’à la 7e minute, où elle croise les Plastiques : ces trois ados, s’habillant « en rose le mercredi », machines à punchlines (« en langage de fille, on appelle ça un vent, fais gaffe tu vas t’enrhumer »), vous redonnent goût à la vie et vous persuadent que le plastique, c’est vraiment fantastiqu­e.

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