ARMÉE DE MÈRES
Bras dessus, bras dessous, des dizaines de mères en T-shirts jaunes marchent ensemble depuis juillet à Portland, aux États-unis. Un mur humain massif, surnommé le « Wall of Moms », qui fait écho à « All mothers were summoned when George Floyd called out for his mama » (toutes les mères ont été convoquées quand George Floyd a appelé sa maman), le slogan né suite à la mort en mai de l’homme afro-américain, pour lequel elles réclament justice. Les mères seraient-elles devenues le bras armé des manifs ? « À Portland, les femmes sont des pacificatrices, clarifie David S. Meyers, sociologue spécialisé dans la politique des mouvements sociaux. On catégorise généralement les femmes comme les principales concernées par la sécurité et les enfants, et par conséquent comme plus paisibles. Historiquement, elles ont donc été moins visibles d’un point de vue politique. Mais aujourd’hui, cette invisibilisation et ces stéréotypes les aident à maîtriser l’espace et à cultiver la sympathie en manif : elles utilisent les idées liées à la maternité et à la féminité pour y trouver leur place. Aux US, nous l’avons vu plusieurs fois, avec des groupes comme Mothers against Drunken Driving, Moms Demand Action (contre les armes à feu), and Mothers of the Movement (contre les violences policières). Mais cette stratégie dépasse les États-unis : les Mères de la place de Mai (pour les enfants disparus dans les 70’s en Argentine) et le Mouvement des mères en ex-yougoslavie en sont d'autres exemples à l'international.»