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LA GRANDE MAISON DANS LA LIBRAIRIE

- Par Théo Ribeton avec Renan Cros, Marie Kock, Pierre-édouard Peillon et Pascaline Potdevin.

Vous êtes en feu depuis l’annonce de la rediff’ des 210 épisodes de Hartley coeurs à vif ? On a encore mieux que Drazic à vous proposer pour vous rappeler ce que ça veut dire d’être adolescent.e : un livre fleuve, La Maison dans laquelle, dont le trajet pour arriver jusqu’à nous est déjà celui d’un blossoming contrarié. Son autrice, Mariam Petrosyan, une Russe d’origine arménienne, a mis dix ans à l’écrire, quinze à chercher mollement un.e éditeur.rice. Une fois trouvé celui qui aurait les épaules pour publier un récit fantastiqu­e de 1 000 pages sur une sorte d’internat bizarre dont on ne comprend jamais bien s’il est doté ou pas d’une vie propre, peuplé d’ados handicapé.e.s, asociaux.ales et/ou globalemen­t inadapté.e.s à la vie du dehors, le roman, le seul de l’autrice, a connu un succès délirant en Russie, raflé des tonnes de prix, été traduit partout, et en France, il y a deux ans, chez Toussaint Louverture. Ces derniers le ressortent aujourd’hui dans leur collection poche Les Grands Animaux, préfacé très joliment par Tristan Garcia. Si on fait ce grand détour pour vous parler de La Maison, c’est que ce serait VRAIMENT dommage de passer à côté de ce monstre romanesque qui divise son audience en deux camps très clairs : celles.ceux qui ont trouvé ça inepte et incompréhe­nsible, et les autres qui y ont vu un chef-d’oeuvre. Vous aurez compris qu’on s’est rangé.e dans le second, même s’il a fallu se plonger dans deux trois forums Reddit pour être sûr.e d’avoir compris tous les mystères de la maison et de ses personnage­s, qui en forment bien plus la structure que ses murs délabrés et changeants. Situé vaguement dans une ville D’EX-URSS dont on ne sait ni le nom ni si elle a vraiment existé, l’internat s’organise d’abord autour des bandes rivales qui la peuplent : les Faisans, les Rats, les Oiseaux et le charismati­que « 4e groupe », dit aussi groupe des Crevards. Malgré leurs différence­s, tou.te.s s’emploient à grand renfort de discussion­s enfumées, de razzias dans les couloirs et de sauvetage de camarades retenu.e.s contre leur gré au « sépulcre », c’est-à-dire l’infirmerie, à se construire un monde bancal mais cohérent qui n’a jamais besoin du dehors, que tou.te.s ont de toute façon en horreur. L’aveugle, Rousse, Sphinx, Fumeur… y règnent tout autant qu’ielles s’y abîment dans un Koh-lanta feat. Harry Potter qui donne rapidement au.à la lecteur.rice l’envie de rester lui.elle aussi dans la maison, même en ne s’y sentant pas vraiment confortabl­e, et le sentiment de se retrouver jeté.e à la rue une fois le livre refermé. M.K. La Maison dans laquelle de Mariam Petrosyan, Monsieur Toussaint Louverture, 1 088 p., 15,50 €.

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Enfin un autre genre de « grand roman russe ».

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