“La vie est trop courte pour être trop sérieux”
L’histoire du rugby est bien sûr traversée de joueurs légendaires. La liste est forcément injuste et oublieuse. David Campese était un génie cabot avec un physique de mécanicien, Gareth Edwards une référence indépassable à rouflaquettes pour les plus de 50 ans, Michael Jones un illuminateur de jeu mais jamais le dimanche – qu’il réservait à Jésus –, Serge Blanco un épicurien de la relance et de la vie, John Eales le plus parfait des joueurs, Jonny Wilkinson le plus admirable, François Pienaar le plus Mandela, Richie Mccaw le plus hors jeu… Lui n’a jamais été champion du monde. Il a connu une carrière aussi fulgurante que frustrante, la faute à un corps hors norme en apparence mais pas décidé à le laisser en paix. Jonah Lomu est pourtant l’unique superstar du rugby. Le seul dont les impies de la mêlée ouverte, les agnostiques du ruck et les indifférents à l’arrêt de volée peuvent citer le nom d’instinct. Jeune quadragénaire, l’ancien ailier des All Blacks est un père de famille heureux, un amoureux lucide de son sport et un homme apaisé, comme peuvent l’être ceux que le sort n’a pas épargnés. Depuis sa maison d’auckland, la légende du rugby revient sur une vie et une carrière traversées tout en raffuts.