Tampon!

Yoann Huget

En équipe de France, il est l’un des rares à ne jamais décevoir sous la triste ère Saint-andré. Sur son aile, la vie est belle pour Yoann Huget. À 28 ans, l’ariégeois ascendant brésilien va enfin vivre une Coupe du monde quatre ans après avoir raté le ren

- PAR GRÉGORY LETORT PHOTOS: PANORAMIC ET DPPI

Avant de devenir l’ailier inspiré et le marqueur d’essais officiel des Bleus, l’ariégeois a aussi mangé son pain noir. Heureuseme­nt pour lui et le rugby français, le garçon n’est pas du genre à baisser la tête.

ur le flanc gauche, vous avez un tatouage ‘Only god can judge me’. D’où vient-il? Je l’ai fait faire il y a deux ans à Bali. Même si je ne suis pas pratiquant à 200%, je suis croyant. C’est Maïté, ma mère, qui m’a éduqué ainsi. Cette phrase, tout le monde peut la comprendre. Mais ce n’est pas par rapport à mon histoire.

SVotre histoire, c’est la dernière Coupe du monde que vous ratez à cause d’une série de manquement­s au suivi longitudin­al antidopage. À quel moment avez-vous vraiment compris que vous n’iriez pas en Nouvelle-zélande? Au fond, je l’ai su alors que nous étions en stage à Falgos (Pyrénées- Orientales). Le président de la fédération, Pierre Camou, est arrivé, nous avons discuté et il m’a dit qu’il n’y avait pas d’autre issue que mon départ. J’ai alors appelé ma mère pour lui dire de ne pas s’inquiéter, que beaucoup de choses seraient dites. J’ai essayé au maximum de préparer mes proches. À ce moment-là, ce n’était pas dur de rester avec l’équipe de France parce que j’espérais chaque jour avoir à mon réveil des nouvelles positives. Le staff était derrière moi, Marc ( Lièvremont, ndlr) ne comprenait pas cette décision, il est même monté au créneau. Mais je pense que comme il y avait déjà eu une histoire française en Nouvelle-Zélande ( référence à la fausse agression de Mathieu Bastareaud en 2009, à Wellington, ndlr), il n’était pas question de prendre un risque avec un deuxième épisode.

Venir annoncer votre départ dans l’auditorium du centre d’entraîneme­nt de Marcoussis, ça avait été une torture? Il me tardait de partir. Je ne suis pas du genre à me retourner sur le passé, il n’y avait pas d’issue favorable. Le seul truc dont j’avais envie, c’était de faire mes bagages pour partir et laisser le groupe tranquille. Je voulais fermer cette parenthèse.

Qu’est-ce qui a été le plus dur dans cette histoire? D’être pris en otage entre le médical et l’administra­tif. Mais mes coéquipier­s, en tant que sportifs de haut niveau, connaissai­ent L’AFLD ( Agence française de lutte contre le dopage, ndlr) comme ses procédures et aucun amalgame n’a été fait par rapport à cette histoire. On avait fait une réunion pour tout

“J’ai vraiment eu l’impression d’être pris en otage par rapport à la Coupe du monde. Avant ça, personne ne connaissai­t L’AFLD et son pouvoir. Après mon deuxième no-show en mai, j’ai dû subir trois ou quatre contrôles d’affilée. Et quand est tombé le troisième, je n’ai pas réalisé” Yoann Huget

expliquer. Tous les joueurs avaient compris et étaient un peu abasourdis quant au fait que cette agence puisse priver quelqu’un d’une telle compétitio­n, sachant qu’on a des contrôles après les matches et qu’ils n’avaient jamais rien révélé… Ce problème est arrivé à l’époque à d’autres sportifs, dans d’autres discipline­s, mais on en a moins parlé. Moi, j’ai vraiment eu l’impression d’être pris en otage par rapport à la Coupe du monde. Avant ça, personne ne connaissai­t L’AFLD et son pouvoir. Après mon deuxième no-show, en mai, j’ai dû subir trois ou quatre contrôles d’affilée. Et quand est tombé le troisième, je n’ai pas réalisé. Quand j’ai parlé de cette histoire à Provale ( syndicat des joueurs, ndlr), on m’a dit: ‘Mais non, on fera un recours, tout va bien se passer, ils ne sont pas stupides.’ Il y a eu un recours mais 48 heures après, il y avait un recommandé pour dire ‘niet’. J’ai bien compris qu’il y avait anguille sous roche.

Vous êtes toujours soumis à la géolocalis­ation aujourd’hui? Non. Après la Coupe du monde 2011, ça a duré six mois. Ça faisait deux ans que j’étais dans ce système, c’était un soulagemen­t d’en sortir.

À votre retour en Bleu en 2012, qu’est-ce qu’il y a en vous? De la revanche? Je ne peux pas parler de revanche. Ce qui est passé est passé. Mais c’était pour moi une forme de récompense et une fierté d’être revenu. J’avais eu l’espoir d’être rappelé pendant le Tournoi des VI nations 2012 quand il y avait eu deux ou trois blessés à l’aile. Mais je vois que mon nom n’est pas cité et Bayonne est à la lutte pour éviter la relégation. Il y avait des raisons pour ne pas faire appel à moi. Mais qu’on me convoque ensuite pour une tournée en Argentine, alors que je m’apprêtais à revenir au Stade Toulousain, ça a signifié beaucoup pour moi.

Vous avez connu toutes les sélections de l’équipe de France. Étiez-vous programmé pour le XV de France? Je ne pense pas. Je ne suis pas quelqu’un de très talentueux à la base et je me suis plutôt réfugié dans le travail. Si j’ai été appelé dans toutes les sélections, je le mets sur ce compte-là, sur ce boulot parfois pesant au quotidien.

En 2009, vous étiez avec l’équipe de France A en Roumanie… J’étais en Pro D2, j’avais fait une excellente saison. On avait perdu en demifinale mais on avait réussi à partir avec mon pote Romain Sola, avec qui je jouais à Agen. Rejoindre l’équipe de France après une seule saison en Pro D2, c’était un aboutissem­ent. Mais c’était un peu improbable comme tournée. Je ne sais pas si elle a servi, en tout cas c’est un bon palier. Il y a quand même de la pression à passer du Top 14 au niveau internatio­nal. Certains joueurs se font démolir mentalemen­t.

Avec Yoann Maestri, vous n’êtes que deux de ce groupe prometteur en 2009 à participer à la prochaine Coupe du monde. Êtes-vous des rescapés? Il y a beaucoup d’aléas dans le rugby: blessure, méforme, joueurs qui explosent... Estce que je suis un rescapé? ( il sourit) J’ai eu de la chance aussi. Quand j’ai signé à Bayonne, je me souviens que l’aviron aurait dû être relégué mais avait été sauvé administra­tivement. Sinon, je serais reparti en Pro D2. Il aurait bien fallu, j’avais signé et je n’aurais pas pu trouver d’autre club. Dans un parcours, il faut avoir un minimum de chance. Mon pote Romain Sola n’en a pas eu, par exemple.

Aujourd’hui, vous avez une réputation de bosseur. Je ne sais pas si j’ai une réputation de bosseur mais moi, je sais ce que je fais.

Ce n’était pas vraiment le cas quand vous avez quitté Toulouse en 2008. J’avais 18 ans… J’avais plus une réputation de branleur que de bosseur, ça c’est sûr. C’est en devenant profession­nel, en travaillan­t, que j’ai compris que ça payait. Quand ça paye, t’as envie d’insister. C’est un cercle vertueux.

Les joueurs sont-ils majoritair­ement moteurs de leur évolution en prenant des préparateu­rs physiques personnels, en allant chercher des compétence­s ailleurs? Ce n’est peut-être pas la majorité et il n’y a pas de leçon à donner. Mais pour moi, travailler en plus avec un préparateu­r physique, c’est ce qui me convient. À chaque saison, faire une préparatio­n avant la préparatio­n, c’est un plaisir. Je suis avec un pote, Yann Pradel ( ex-préparateu­r physique de l’aviron bayonnais, ndlr) qui me connaît par coeur et avec qui on pousse la machine.

Le discours de Philippe Saint-andré après la tournée 2014 en Australie a dû vous interpelle­r: il demandait aux joueurs d’en faire davantage, de partir en vacances ‘avec un ballon dans le coffre de la voiture’. Ça doit interpelle­r tout le monde. C’est sûr qu’il faut faire plus. Parfois, on voit bien la différence entre les joueurs de l’hémisphère sud et nous. Mais cette différence, quand on les rencontre en novembre et qu’ils ont le Rugby Championsh­ip dans les jambes, elle ne se voit plus. On se sent plus forts, dans les 20 dernières minutes, on a plus de punch qu’eux. J’ai pris l’habitude de ne pas trop m’affoler après les tournées d’été. En 2013, contre la Nouvelle-Zélande, on perd de peu avec une occasion d’essai à la dernière minute. L’australie, on les bat en novembre. On n’est quand même pas loin de ces équipes quand on est sur le même plan au niveau de la préparatio­n physique.

Votre beau-père Philippe était aussi votre premier entraîneur à Pamiers. Croyez-vous que ça a eu de l’influence sur votre identité de joueur? Lui, c’est un passionné. Quand j’ai quitté Toulouse pour Agen, il m’a conseillé en me disant de me donner les moyens de réussir si j’avais vraiment envie de faire une carrière. Pour lui, j’étais passé à côté à Toulouse. Il avait peur que ce choix amorce une trajectoir­e Pro D2, Fédérale 1…On descend vite. Inconsciem­ment, il m’a lancé un défi.

C’était dur d’avoir un beau-père entraîneur? C’était lourd. Il ne me lâchait jamais, passait son temps à me faire des réflexions. Peut-être parce qu’il savait de quoi j’étais capable et qu’il me trouvait parfois davantage spectateur qu’acteur. Ça l’énervait. À chaque tournoi, j’en prenais pour mon grade. Il criait plus facilement sur moi que sur d’autres.

Le premier geste qu’on vous a appris à l’école de rugby de Pamiers, c’était vraiment le plaquage? C’est vrai. Tu passes le premier entraîneme­nt à plaquer. Je n’aimais pas trop ça. Maintenant un peu plus. En Ariège, j’aimais toucher le ballon et jouer des intercepti­ons. Ça énervait pas mal.

On vous sent fier d’être Ariégeois. J’ai plaisir à retourner en Ariège une fois par semaine, à m’y investir. J’y revois les mêmes mecs depuis quinze ans. C’est un plaisir de les voir me suivre. Je sais qu’ils sont fiers que je représente l’ariège. Juste après avoir loupé le Mondial 2011, je les ai revus et ils m’ont demandé de les emmener à la Coupe du monde en Angleterre. C’étaient des mots touchants qui m’ont motivé. L’ariège, ça fait partie de mon identité.

Quand vous étiez jeune, vous aviez quand même des cassettes vidéo du Stade Toulousain. Vous étiez fan ou c’était pour analyser le jeu? J’avais 10 ans, j’étais plus fan qu’autre chose. C’était l’époque du magnétosco­pe, elles ont disparu, je n’ai plus rien.

Et puis vous avez rejoint le club. Comment Toulouse est-il venu vous chercher? Avec Pamiers, on avait fait un tournoi à côté de Toulouse, justement, et ma mère était venue y assister. Elle a entendu qu’il y avait des épreuves de sélection trois semaines plus tard et on y est allés. Moi, je n’avais pas forcément envie de tenter ma chance. J’étais bien avec mes potes à Pamiers, on avait un bon groupe. Pour moi, le rugby, c’était jouer avec mes potes. Là, je partais dans un environnem­ent qui m’était inconnu. C’est ma mère qui m’a poussé. Elle me disait que je me referais des potes là-bas. J’avais cette passion du rugby mais c’est elle qui m’a poussé à partir jeune.

Elle vous a poussé alors qu’elle est malade à l’idée de vous voir jouer… C’est vrai qu’elle ne regardait pas trop les matchs. C’est encore

“J’avais 18 ans… J’avais plus une réputation de branleur que de bosseur, ça c’est sûr. C’est en devenant profession­nel, en travaillan­t, que j’ai compris que ça payait”

d’actualité. Elle est croyante et elle passe plus de temps à prier qu’à me regarder. Elle regarde surtout en replay.

Lors de votre première saison à Toulouse, votre mère effectuait les allers-retours trois fois par semaine pour vous emmener à l’entraîneme­nt. Pourquoi n’étiez-vous pas interne? J’étais trop jeune. J’avais 15 ans. Après la première année, je suis entré à l’internat à Jolimont. J’ai tout fait pour ça. Mais la première saison a été incroyable: on faisait l’aller-retour et elle m’attendait pendant l’entraîneme­nt. Il y avait 45 minutes de route, ça n’était pas facile mais on s’est accrochés pendant une année. Quand il y avait une convocatio­n pour un tournoi à 8h, je me levais à 5h30. Je n’avais pas de pression par rapport à l’investisse­ment de ma mère parce que, au début, je ne réalisais pas. Pour moi, c’était normal. C’est après que j’ai compris. Quand j’ai eu le permis, j’ai bien vu ce que c’était que de faire toutes les semaines le trajet Pamiers-toulouse.

Et en 2008, le Stade Toulousain ne vous retient pas… Le club me laisse carrément partir. On me propose un contrat espoir. Moi, je ne voyais pas quelle était mon évolution là-dedans et quel serait mon intérêt. Le championna­t espoir à l’époque, comme aujourd’hui d’ailleurs, était un peu merdique. Du coup, j’avais du temps libre pour sortir et non pas pour m’entraîner. Il fallait que je prenne une décision. Vincent Clerc et Cédric Heymans étaient au top. Je sentais bien que je n’étais pas une priorité. Agen m’a appelé, à commencer par Henry Broncan.

C’est quoi le problème du championna­t espoir? Le rythme des matchs est trop irrégulier. C’est important de jouer quand on est jeune. Notre calendrier n’était pas assez riche et je voyais bien que je stagnais. Je voulais aussi découvrir la pression d’un club et d’un public. Je voulais savoir si j’étais prêt à m’y confronter. En espoir, il n’y avait aucune pression. Rien de significat­if, en tout cas.

Vous aviez arrêté vos études? Complèteme­nt. C’était la période où j’allais devenir profession­nel et je n’étais obnubilé que par ça.

Émile Ntamack racontait que pour savoir quels étaient les meilleurs espoirs du Stade Toulousain, il fallait regarder ceux qui étaient le plus détestés par le groupe profession­nel après les séances en opposition et donnait l’exemple de Maxime Mermoz. Vous étiez aussi détesté ou ignoré? Je m’accrochais de temps en temps. Sur certaines opposition­s, la pression est montée. Mais si je m’attrapais avec Cédric Heymans ou Clément Poitrenaud, derrière, j’allais toujours les voir et je m’excusais, même si tout n’était pas de ma faute. J’ai toujours eu du respect pour les joueurs au-dessus de moi dans la hiérarchie. On va dire que j’étais peut-être plus diplomate que Maxime Mermoz.

Larose présente.

“Je suis parti de Toulouse en catimini. Les mecs de l’équipe première sont à 10000 lieues du jeune espoir qui va en Pro D2 à Agen”

L’année de votre départ, quand vous parlez à Didier Lacroix, votre entraîneur chez les Espoirs, de votre projet de revenir, il est dubitatif et vous répond qu’il y en a plein à avoir dit ça et qui ne l’ont pas fait… Quand je l’ai croisé à mon retour, je n’avais pas oublié cette conversati­on. Je l’apprécie énormément, on avait vécu de belles choses avec les Espoirs et le fait de revenir m’a permis d’avoir une certaine fierté d’avoir été à la hauteur de mes paroles.

Quand vous êtes parti, il y a des joueurs qui ont eu un mot pour vous? Je suis parti en catimini. Les mecs de l’équipe première sont à 10 000 lieues du jeune espoir qui va en Pro D2 à Agen. Mais quand on s’est retrouvés en équipe de France, c’est comme si on ne s’était jamais quittés. Je retrouve Max (Médard), Clément (Poitrenaud). Mon statut a un peu changé, mon approche est différente. Je ne suis plus le jeune espoir et nous sommes sur le même plan.

À Toulouse, vous disiez être ‘UN PETIT CON, PEUT-ÊTRE UN PEU FOU, UN PEU PRÉTENTIEU­X’. Forcément. On est dans une bulle et on a l’impression que tous les clubs fonctionne­nt de la même façon. On peut ne pas se rendre compte de la chance qu’on a de jouer au Stade Toulousain, des infrastruc­tures mises à notre dispositio­n, du fait de n’avoir à penser qu’au rugby, de pouvoir arriver en tenue civile et de retrouver toutes les affaires prêtes. Il y a beaucoup de choses qu’on ne réalise pas quand on est jeune. Le fait d’être parti m’a permis de me rendre compte de certaines choses.

À votre retour, Guy Novès a mis en avant votre mental. Vous en avez déjà parlé avec lui? À sa manière… Il sait qu’il peut compter sur moi, qu’avec mon tempéramen­t, je vais répondre présent sur l’investisse­ment et sur beaucoup d’autres choses. J’ai cette forme de fierté. Quand je suis revenu, je voulais lui montrer que je n’allais pas lâcher comme j’ai pu lâcher quand j’étais espoir. Ce n’est pas lui qui est venu me chercher à Bayonne: cela s’est fait via les agents, les recruteurs et je l’ai vu quand je suis arrivé au stade le jour de la reprise.

Vous avez le sentiment d’avoir croisé un grand personnage du rugby français? J’espère que je le recroisera­i encore. Il y a beaucoup de joueurs qui spéculent sur lui, qui se demandent comment il est. En équipe de France, on nous pose des questions. Je pense que ceux qui ne le connaissen­t pas vont être servis.

Il a quoi de fort par rapport aux autres entraîneur­s que vous avez croisés? Guy, c’est quelqu’un qui teste le mental en permanence. Il a compris que le rugby n’était pas qu’une question de physique et de musculatio­n. Et que si ses joueurs sont à 110% mentalemen­t, il peut gagner n’importe quel match. Dans cette phase-là de préparatio­n, il est au-dessus de pas mal d’entraîneur­s. Il arrive à transforme­r des joueurs. Il se sert de chaque petit détail pour te transcende­r. Je me souviens d’une semaine avant un match contre Clermont au Stadium. Il faut impérative­ment gagner ce match, Clermont est armé. Et toute la semaine, il répète: ‘Nalaga, c’est au-dessus de tout le monde. Il est fort.’ Chaque jour, il parlait de Nalaga. ‘Nalaga, on ne peut pas le plaquer.’ ‘Nalaga, il marque tant d’essais par saison. Est-ce qu’il va augmenter son total?’ Tous les jours, une nouvelle phrase. Finalement, je n’ai pas eu Nalaga en face mais un autre qui a pris pour lui.

Pourquoi ne pas avoir répondu à Jamie Cudmore qui, en fin de saison, a parlé de vous comme d’un lâche après que vous avez marché sur la tête du Bordelais Jandré Marais? Sur la vidéo qui a été coupée, recoupée et montée en épingle, on voit juste le geste. Mais je suis allé voir Marais juste après. Lui et moi, on sait très bien que c’est involontai­re. Qu’il le sache lui, c’est l’essentiel. Je n’ai pas voulu lui faire mal, il n’est pas sorti sur saignement, il a fini le match et joué le week-end suivant. Je n’ai pas eu envie de réagir parce que ce qu’a dit Jamie Cudmore était inintéress­ant et inopportun. C’était seulement intéressan­t pour lui parce qu’il n’allait pas jouer la demi-finale contre nous. Il ne fallait pas que je réagisse.

Votre premier match en Top 14, c’était en 2005 contre Clermont. Vous réalisez que vous allez fêter vos dix ans en Top 14? J’avais eu droit à cinq minutes à Michelin. C’était un cadeau. Je ne me rends pas compte que c’était en 2005. Il y avait probableme­nt eu une cascade de blessures ou les internatio­naux devaient être absents. Tu ne sais pas où tu vas, tu n’as pas tes repères, tu tournes la tête à gauche, à droite et ce ne sont pas tes potes. On passe dans une autre dimension. Dix ans, c’est énorme mais ça passe tellement vite! Il faut profiter de chaque instant. Je suis fier de cette longévité, je ne pensais pas tenir cette cadence. Là, je peux me retourner: je vois que j’ai déjà fait dix ans. Et que je m’éclate toujours à jouer, à prendre des coups, à me faire mal en préparatio­n physique, à enchaîner les matchs et à goûter à cette adrénaline.

Avec une mère Brésilienn­e, vous avez déjà pensé aux Jeux olympiques de Rio avec l’équipe de France à VII? C’est difficile. Il y a des mecs qui ont fait le job pour se qualifier, je ne peux pas envisager de me pointer comme ça et de casser la ligne. Sur le principe, ça m’aurait plu et c’est un beau défi. Mais ça me paraît difficile de postuler. Je ne me sentirais pas à ma place.

Côté famille, votre épouse Fanny était ‘gafette’ au JUSTE PRIX pendant cinq ans. Avez-vous déjà été celui qui patiente pendant que l’autre signe des autographe­s? Bien sûr, ça arrive souvent. Surtout dans des endroits qui sont un peu moins rugby. Ce ne sont pas les mêmes personnes qui regardent le rugby et ces divertisse­ments. Moi, je n’ai pas connu Fanny pour la première fois à la télévision ; à l’heure de la diffusion, j’étais à l’entraîneme­nt… Donc on se passe le relais. Ça me fait marrer.

Vous n’avez jamais connu votre père, décédé quelques mois avant votre première sélection… Ça fait partie de ma vie. Il y a des hommes qui prennent leurs responsabi­lités, d’autres pas. Quelqu’un les a prises pour lui, même si sa mort m’a affecté sur le coup. Mais j’ai gardé en tête que j’avais eu quelqu’un pour prendre le relais. Dans la vie, il faut avancer. Je regarde toujours devant, quels que soient les obstacles. Parfois, je n’avance pas mais je cherche des solutions. Je ne me rajoute jamais de poids supplément­aires. Si à chaque galère, j’avais dû baisser la tête, ça aurait été difficile. TOUS PROPOS RECUEILLIS PAR GL.

“Guy, c’est quelqu’un qui teste le mental en permanence. Il a compris que le rugby n’était pas qu’une question de physique et de musculatio­n. Dans cette phase-là de préparatio­n, il est au-dessus de pas mal d’entraîneur­s”

 ??  ??
 ??  ?? Splash,saison 2.
Splash,saison 2.
 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France