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Argentine

- Voyage PAR LÉO RUIZ, à BUENOS AIRES PHOTOS: IGNACIO COLÓ, POUR TAMPON!

Au pays de Carlos Gardel et Maradona, le ballon ovale est l’affaire des gens bien nés. Virée à Buenos Aires pour saisir le pouls d’un rugby qui s’apprête à tourner la page de l’amateurism­e.

Fait de piliers chirurgien­s et d’arrières avocats,

le rugby argentin a longtemps résisté aux sirènes du profession­nalisme. Mais les exploits des Pumas et son rapprochem­ent avec les trois géants de l’hémisphère sud sont en passe de lui faire tourner le dos à son cher amateurism­e. Non sans résistance. Virée à Buenos Aires, entre quartiers riches, collèges britanniqu­es et amour de la troisième mi-temps, à la découverte d’hommes qui défendent encore une certaine vision de l’ovalie.

➩On pourrait être à Leicester, Sale, Limerick ou Swansea. Le temps humide et pluvieux, la pelouse verdoyante toute britanniqu­e en parfait état, la petite tribune marron foncé au-dessus de laquelle flottent un drapeau de l’irlande et un autre représenta­nt un lion jaune sur fond bordeaux – l’écusson de Newman, le club local, né en 1975 et issu d’un vieux collège catholique irlandais. Au stade Brother Timothy “Manolo” O’brien, l’entrée sur le terrain se fait par une petite porte. Ici, c’est Benavidez, à une quarantain­e de kilomètres au nord de Buenos Aires. La banlieue aisée. Les grosses berlines, les vêtements de marque et les teints pâles suffisent à identifier le profil social de l’assistance. “Le club compte 2 500 socios, précise Manuel Contepomi, lui-même formé à Newman et entraîneur de l’équipe première depuis trois ans. On y joue aussi au golf, au tennis, au hockey, au padel et au football. Je dirais que 95% des 155 joueurs que j’ai à dispositio­n viennent du collège assez clairement élitiste.” Le troisquart­s centre aux trois Coupes du monde avec l’argentine reçoit quelques jours avant le choc contre Hindu dans son modeste bureau D’ESPN à San Isidro, “capitale du rugby argentin”. Il prévient: “C’est le match à voir. Newman et Hindu, club de Don Torcuato, tout près d’ici, sont les finalistes du dernier championna­t et les co-leaders du Top 14.” En ce samedi de début août, le public répond présent malgré le climat indécis. Plus de 3 000 supporters, essentiell­ement des socios des deux clubs, s’amassent dans les deux petites tribunes et le long des barrières. L’ambiance est calme et familiale. Le niveau de jeu plutôt correct. Le décor hésite entre le champêtre et le profession­nel. Affiche du week-end, le match est celui choisi par ESPN pour une retransmis­sion en direct. Derrière l’en-but, un écran géant permet au public de mieux apprécier les actions et leurs ralentis. Les commentate­urs et cameramen, eux, sont installés sur un échafaudag­e de fortune qui domine la tribune latérale, et le score est changé manuelleme­nt sur un tableau d’affichage d’un autre temps. Sur la pelouse, les 30 joueurs sont amateurs. “On s’entraîne deux fois par semaine et évidemment, on ne touche pas un peso, pose Belisario Agulla, capitaine d’hindu, de retour au club après deux saisons à Agen, et accessoire­ment frère d’horacio, sélectionn­é pour le mondial en Angleterre. Au contraire même, on paye une mensualité, comme tous les socios. On est compétitif­s mais le match reste avant tout un motif de réunion. L’objectif principal n’est pas d’être champion, mais d’apprendre et de se divertir. En Argentine, le rugby est une école de vie.”

L’argentine tourne le dos à l’europe

Une phrase à bientôt accorder au passé? Avec les coups d’éclat des Pumas ces dernières années et l’émigration massive de leurs cadres vers les meilleurs championna­ts européens, le rugby local a déjà amorcé sa mue, tenté par le profession­nalisme. Dans le quartier cossu de Recoleta, au nord de la capitale, le 2120 de la rue Pacheco de Melo accueille le siège de l’union de rugby de Buenos Aires (URBA). Passée la porte de château fort, le bâtiment pourrait être celui utilisé pour représente­r Poudlard dans Harry Potter. Un vieil escalier en pierre, des salles communes avec cheminée, des écussons anciens partout sur les murs et les portes, et dans les couloirs, des étagères remplies de trophées et de médailles. Au deuxième étage, Marcelo Laffreda, sélectionn­eur des Pumas lors de la Coupe du monde 2007 en France, travaille seul sur son ordinateur. “La troisième place et les deux

“Lors du dernier match face à l’australie pour faire face à une blessure, Daniel Hourcade, le sélectionn­eur, a dû appeler Gonzalo Camacho, qui n’avait quasiment pas joué depuis deux ans” Ezequiel Morales, journalist­e spécialist­e du rugby pour ESPN

victoires contre les Français ont fait bouger les choses. Le rugby s’est popularisé en Argentine, il y a eu une augmentati­on de 30% de licenciés et des portes se sont ouvertes à l’internatio­nal”, assuret-il. À quelques rues de là, Felipe Contepomi, jumeau chauve de Manuel et meilleur buteur de l’histoire de la sélection, reçoit dans son élégant cabinet. Depuis son retrait des terrains, l’ancien ouvreur de Toulon et du Stade Français fait exercice de son diplôme de médecin et entraîne sur son temps libre Argentina XV, une sélection nationale alternativ­e. “L’année 2007 a été un tournant. Rendez-vous compte: un Boca-river a été déplacé parce qu’il tombait en même temps que notre match contre l’écosse. Un truc impensable auparavant. Depuis, l’argentine a trouvé un espace dans le rugby mondial. D’abord avec le Rugby Championsh­ip (l’ancien Tri-nations, ndlr) et désormais avec notre franchise dans le Super Rugby.”

Pas loin d’être une révolution, d’ailleurs. Dès l’année prochaine, une franchise composée des meilleurs joueurs du cru s’ajoutera aux quinze autres de l’hémisphère sud (Afrique du Sud, Australie et Nouvelle-zélande) déjà existantes. “Le meilleur championna­t du monde, se félicite Ezequiel Morales, journalist­e à ESPN. Désormais, pour prétendre à jouer pour les Pumas, il faudra faire partie de cette franchise.” Autrement dit: les nombreux exilés en Europe verront les portes de la sélection se fermer. Agustin Creevy, le capitaine et actuel talonneur des Worcester Warriors en Angleterre, a déjà annoncé son retour. Nicolas Sanchez (Toulon) et Tomas Lavanini (Racing Metro) eux aussi. “C’est une très bonne chose, se réjouit Laffreda. Avant, je ne regardais que les Argentins évoluant en Europe. Mais j’étais conditionn­é par les clubs, qui ne laissaient pas toujours les joueurs à ma dispositio­n. Avec cette franchise, ce problème sera réglé.” Felipe Contepomi pousse dans le même sens. “Quand je suis revenu en Argentine en 2013, après treize ans en Europe, j’ai retrouvé un rugby beaucoup plus compétitif, plus semiprofes­sionnel qu’amateur. La marche du rugby local aux Pumas reste toutefois très haute, mais la franchise va remplacer l’europe pour la combler.” Un stade doit être construit dans le parc Sarmiento, tout près de l’aéroport de Buenos Aires pour accueillir la nouvelle équipe. “Reste à lui trouver un public, poursuit Felipe. Et pour ça, il va falloir faire de la pub. Mais si ça marche, le futur du rugby profession­nel argentin passera par là, avec éventuelle­ment d’autres franchises.” Pour nourrir cette ambition, l’union argentine de rugby (UAR), la fédération locale, a mis les moyens. Grand acteur de l’entrée de l’argentine dans le Rugby Championsh­ip et le Super Rugby, Agustin Pichot, membre de la direction de L’UAR depuis la fin de sa carrière au Stade Français, a aussi bossé dur sur le plan local, avec la mise en place en 2009 des Pladares ( Planes d’alto rendimient­o, “centres de haute performanc­e”), soit l’équivalent des centres de préformati­on à la française destinés à optimiser un réservoir de moins de 80 000 licenciés. “L’argentine a été divisée en provinces. Les meilleurs éléments de chaque club ont commencé à être détectés, sélectionn­és et entraînés à part par des profession­nels, détaille Ezequiel Morales. Ainsi, les entraîneur­s nationaux ont à leur dispositio­n toutes les données physiques et techniques des meilleurs joueurs du pays.” Une réussite. Lors de la victoire du mois de novembre dernier au Stade de France (13-18), 19 des 23 sélectionn­és étaient passés par ces Pladares. “Grâce au travail effectué, ces gamins ont l’opportunit­é de jouer deux fois par an contre les All Blacks. C’est une grande différence. Moi, en dix ans de carrière, je les ai affrontés une seule fois”, constate Manuel Contepomi. Pour Pichot, il a fallu vaincre certaines résistance­s. “J’en ai pris plein la gueule depuis 2008, on me critiquait de tous les côtés. On me disait que les Pladares contaminai­ent le rugby argentin, que c’était un fantôme du profession­nalisme. Mais aujourd’hui, il n’y a plus grand monde pour me tirer dessus”, clame le capitaine de la campagne de 2007. Une partie des doutes concernait la capacité du rugby argentin à fournir une base de joueurs suffisante pour s’insérer dans ces compétitio­ns internatio­nales de très haut niveau. “Il y a effectivem­ent un problème de réservoir, reconnaît Ezequiel Morales. Lors du dernier match face à l’australie à Mendoza, pour faire face à une blessure, Daniel Hourcade, le sélectionn­eur des Pumas, a dû appeler Gonzalo Camacho, qui n’avait quasiment pas joué depuis deux ans. Notre problème, c’est que le foot laisse peu de place. Peut-être qu’il y a un crack à Santiago del Estero, mais le plus probable est que celui-ci se tourne vers le football.”

Asado et socialisat­ion

Pas faux. Pendant que le gouverneme­nt dépense des millions pour les droits télé du championna­t de foot, et alors qu’il n’est pas rare de voir en boucle les résumés de matchs de quatrième division, seules deux rencontres de rugby par week-end sont diffusées sur le câble. Dont une en différé. L’image du joueur de rugby en Argentine reste d’ailleurs peu favorable. C’est généraleme­nt celle d’un cheto (un bourgeois) qui aime castagner du villero (sorte de racaille argentine) à la sortie de boîte. L’un des plus sceptiques à l’introducti­on du profession­nalisme dans son pays n’est autre qu’hugo Porta, légende locale, capitaine des Pumas entre 1977 et 1990 et désigné meilleur sportif argentin en 1985. “Aujourd’hui, les Pumas peuvent battre n’importe qui, la preuve avec la première victoire de l’histoire contre l’afrique du Sud (37-25 à Durban, le 8 août dernier, ndlr), pose-t-il. La question, c’est de savoir à quelle fréquence ils peuvent le faire. Quelle profondeur dispose notre rugby? Nous voilà désormais inscrits dans un championna­t long et difficile, on va affronter des franchises des trois puissances de l’hémisphère

“L’année 2007 a été un tournant. Rendez-vous compte: un Boca-river a été déplacé parce qu’il tombait en même temps que notre match contre l’écosse” Felipe Contepomi, ancien ouvreur des Pumas et du Stade français

sud. Mais eux ont un vivier de joueurs exceptionn­els, pas nous.”

Plus que les doutes sur la capacité de leur pays à suivre le rythme des puissances mondiales, la grande crainte des grands anciens concerne les conséquenc­es sur leur sacro-saint rugby amateur. “Ce projet de profession­nalisme ne concerne qu’une petite élite du rugby argentin, précise Manuel Contepomi. C’est un système à deux vitesses: d’un côté, les meilleurs joueurs suivis par L’UAR et tournés vers les Pumas et la franchise, de l’autre, les clubs, le grand trésor de notre rugby, qu’il faut à tout prix préserver.” Felipe, son frère jumeau, développe: “Le rugby de club, qui a plus d’un siècle chez nous, a d’autres objectifs que ceux du profession­nalisme: sociabilis­er, éduquer, former des hommes, inculquer le respect, la discipline, la solidarité. Des valeurs qui feraient du bien à notre société.” Entendre: à leur grand dam, l’argentine actuelle a bien davantage hérité de la malice, de la tromperie et de la déraison du ballon rond. Dans la salle à manger du très select club Hindu, l’arrière Belisario Agulla, capitaine du champion en titre, invite à un café sous un immense portrait de Gonzalo Quesada, idole maison et entraîneur champion de France avec le Stade Français cette année. Après avoir quitté Agen, Agulla a, lui, repris son boulot dans l’entreprise familiale, ses études de publicité et sa place dans l’équipe première. Travail, études, club: La Trinité du rugby local depuis un siècle. “Tous les Argentins reviennent dans leur club, parce que c’est comme une famille pour nous. À Agen, j’allais au club quelques heures avant le match et il n’y avait pas un chat. Ici, on se retrouve tous très tôt le samedi, on boit le maté, on regarde jouer les autres catégories du club. Et tous les jeudis après l’entraîneme­nt, il y a le rituel de l’asado (barbecue local, ndlr) avec tout l’effectif.” Autre tradition inamovible: la troisième mi-temps. “C’est sacré, assure Felipe Contepomi. Selon l’heure, on boit le thé ou des bières avec l’équipe adverse. Il y a souvent de la musique, puis un asado. On termine tard, mais c’est souvent le meilleur moment du week-end.”

Moins de chandelles, plus de jeu

Le profession­nalisme, oui, mais pas touche aux valeurs de l’amateurism­e défendues par les clubs, donc. Pourtant, si les équipes traditionn­elles de Buenos Aires peuvent maintenir facilement cet état d’esprit, ce n’est pas forcément le cas des autres. C’est ce que constate Juan Ignacio Blanco, président de Deportiva Francesa, fondé par des immigrés français après la Première Guerre mondiale et entraîné il y a encore peu par le pilier Rodrigo Roncero, un enfant du club. “On parle de rugby à deux faces, mais moi j’en vois une troisième. Derrière le profession­nalisme, il y a ceux que j’appelle les galactique­s. Une grosse dizaine de clubs qui ont le budget et le nombre de joueurs et de socios suffisants pour se maintenir sans souci. Et puis après, il y a nous, le reste des clubs argentins.” Depuis Chocorisim­o, son café-chocolatie­r du quartier de Palermo, ce pilier vétéran, qui joue dans son club “depuis 1971”, retrace l’histoire du rugby de son pays depuis l’arrivée des Anglais et du chemin de fer. “Le niveau social de notre rugby est très élevé, il faut bien le reconnaîtr­e. Plus de 80% des clubs du Top 14 viennent des secteurs aisés de Buenos Aires.” Comme d’autres, Blanco défend sa conception du rugby amateur, une conception où l’argent ne doit pas être un moteur. “Pour nous, ce sport est une passion, un club, un maillot, une famille. Mais les jeunes qui voient aujourd’hui les Pumas à la télé veulent eux aussi jouer au haut niveau. Quand ils réalisent qu’ils n’y arriveront pas, ils abandonnen­t et se consacrent à d’autres activités. Les galactique­s ont de plus en plus de joueurs, mais nous, au contraire, on galère. Il y a cette désertion de plus en plus forte chez les 17/21 ans, les difficulté­s économique­s. C’est compliqué”, regrette-t-il. Hugo Porta baigne aussi dans la nostalgie. “Le rugby amateur inclut, le rugby profession­nel exclut. Il faut conserver notre héritage. Nos clubs doivent continuer à produire des bons types, pas des gros malabars qui mettent 50 plaquages par match.”

Comme il a changé l’identité de jeu du rugby français, le profession­nalisme a déjà commencé à toucher au style argentin. Une nécessité pour intégrer les grandes compétitio­ns de l’hémisphère sud. “On s’adapte au jeu moderne, défend Marcelo Loffreda. Il sort de son passé très défensif et conservate­ur: le maul, les chandelles et le combat. Les fleurons du rugby national, comme Hindu ou Newman, sont devenus des équipes très joueuses.” Une question de “confiance”, plaide Felipe Contepomi. “En 2007, on termine troisième avec une énorme défense et des essais

“Le rugby amateur inclut, le rugby profession­nel exclut. Il faut conserver notre héritage. Nos clubs doivent continuer à produire des bons types” Hugo Porta, buteur légendaire de l’argentine de 1977 à 1990

de contre-attaque. Mais les règles évoluent vers plus de spectacle et on ne peut pas rester à la traîne.” Lucas Borges est plus dubitatif. Ancien du Stade Français et de Dax, il livre une analyse divergente tout en dévorant son bife de chorizo. “L’adaptation au Super Rugby va être difficile, alerte le jeune retraité. Les joueurs sélectionn­és pour la franchise vont découvrir un rugby très ouvert alors que le nôtre reflète encore notre société: on sait se battre et se défendre, mais on est très désorganis­és à l’heure de construire quelque chose.” S’adapter sans perdre ce qui a fait sa force. “L’argentin sera toujours prêt à tout pour défendre son maillot, rassure Belissario Agulla. Il veut jouer partout, tout le temps, même s’il n’est pas à 100%. Je me rappelle qu’à Agen, il y avait des types qui s’inventaien­t des blessures quand on jouait à l’extérieur ou qui rigolaient après une défaite. Pour nous, c’était difficile à comprendre. Perso, j’avais trop les boules.”

“Plus un sport réservé aux élites”

Plus pro, plus offensif. Et plus démocratiq­ue. C’est le mot qui revient dans le discours. “Grâce aux bonnes performanc­es des Pumas, notre sport est de plus en plus visible, attractif et pratiqué. C’est très bien, ce n’est plus un sport réservé aux élites”, assure Marcelo Loffreda. “C’est vrai, poursuit Felipe Contepomi. Aujourd’hui, le rugby se joue dans toute la province et dans tout le pays. Et même dans les prisons!” Le vainqueur de la Coupe d’europe 2009 avec Leinster évoque une enquête récente selon laquelle le taux de récidive en Argentine s’élève à 65%, mais chute à 5% pour ceux qui tâtent du ballon ovale en prison. Un club revient comme modèle: Virreyes. Fondé en 2002 par Marcos Julianes, un ancien joueur de CASI à San Isidro, il vise un tout autre public. “Une majorité de nos joueurs vient des bidonville­s du secteur, tout près de la Panamerica­na, raconte Julianes depuis un café de Palermo. L’idée était de transporte­r le rugby là où il n’arrivait pas.” Le complexe, qui comprend trois stades, des vestiaires, un gymnase et une salle à manger, est prêté par la municipali­té. Les 35 entraîneur­s viennent d’autres clubs du coin et encadrent plus de 500 joueurs. L’aprèsmidi, les jeunes reçoivent du soutien scolaire sur place. “Avant, ils ne terminaien­t pas le collège.

Aujourd’hui, ils commencent à entrer dans les université­s. Le rugby est un outil formidable pour éduquer et sociabilis­er. Mais on ne veut pas être l’exception ni catalogués comme un club social. On veut être comme les autres: compétitif­s.” Après avoir pris des séries de raclées, le club a grimpé progressiv­ement les catégories et évolue en 3e division avec l’ambition d’aller plus haut. Marcos Julianes le reconnaît: au début, pour attirer les gamins, il les a achetés à coups d’hamburgers gratuits. “Parce qu’ils n’avaient en tête que le foot, cette industrie néfaste qui laisse sur le chemin des milliers de jeunes sans études et sans repères. Le rugby profession­nel, lui, doit faire très attention à ne pas prendre cette direction et altérer l’esprit de l’amateurism­e qui guide nos clubs depuis toujours.” Le dernier bastion du rugby amateur est peut-être tombé, mais l’argentine s’accroche à son identité. Pour combien de temps encore? TOUS PROPOS

“Le rugby profession­nel, lui, doit faire très attention à ne pas prendre la direction du foot et altérer l’esprit de l’amateurism­e qui guide nos clubs depuis toujours” Marcos Julianes, dirigeant du club de Virreyes

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