Tampon!

Histoire

Pour la Coupe du monde 1999, L’IRB avait décidé d’instaurer des barrages de qualificat­ion pour les grandes nations pour la première mais aussi dernière fois. Et voilà comment les amateurs des Pays-bas ont croisé la route de l’angleterre. Forcément, cela n

- PAR MATTHIEU ROSTAC, à CASTRICUM ( PAYS- BAS) / PHOTO: ACTIONIMAG­ES

Retour sur la grosse fessée donnée par les Anglais aux Néerlandai­s en 1998.

uand ils s’inclinent contre les Bleus lors de la petite finale du mondial 1995, les Anglais n’imaginent pas encore les conséquenc­es. En effet, seuls les trois premiers de la compétitio­n (Afrique du Sud, Nouvelle-zélande et France) sont qualifiés d’office pour l’édition de 1999 au pays de Galles. Le XV de la Rose est donc bon pour se taper ces éliminatoi­res mises en place par L’IRB (la fédération internatio­nale de rugby). Et voilà comment, le 14 novembre 1998, il reçoit à Huddersfie­ld les Pays-bas, contrée où les rugbymen se font a priori aussi rares que les sommets enneigés. Pour l’occasion, la fédération néerlandai­se est parvenue à naturalise­r à la hâte Caine Elisara –passé par la suite au Stade Français– et Nick Holten, deux troisième ligne néo-zélandais aux aïeux néerlandai­s. Même avec eux, ce David contre Goliath est garanti sans happy end avec d’un côté, des maçons, des flics, des banquiers, des ingénieurs ; et de l’autre, le pays qui a inventé ce sport.

Pas la dernière pour donner dans le cynisme d’habitude, la presse anglaise s’inquiète pour l’intégrité physique des Bataves, notamment en mêlée. “Ils avaient raison, d’ailleurs. C’est comme si on faisait jouer le XV de France contre une équipe de série inférieure du Pays basque”,

Qconfirme Roger Duhau, l’arbitre de la rencontre. En bon Néo-zélandais, Caine Elisara n’est pas venu pour beurrer les sandwichs. “Ce qui n’était pas le cas de tout le monde, balance-t-il. Pour ce genre de match, soit tu te bouges, soit tu le regardes devant la télé.” Le flanker Rob van der Ven, alors à Peyrehorad­e en Fédérale 1, tremble encore à l’évocation de cette rencontre. “C’était monstrueux. On a été pris par le stade... Ensuite, on a eu les hymnes nationaux. C’est le plus grand moment de toute ma vie de rugbyman.” Sur le coup d’envoi donné par l’ouvreur Bjorn Vervoort, le talonneur Richard Cockerill charge mais prend pleine poire la doublette kiwi Elisara-holten. “Il s’est pris un bon bouchon le Cockerill”, se marre Van der Ven. Le premier et dernier fait d’arme d’un XV Oranje qui encaisse 110 pions en 80 minutes. Soit un essai transformé toutes les cinq minutes.

L’arrogance “typiquemen­t anglaise”

Incapables de résister aux vagues blanches, les Néerlandai­s abusent du jeu au pied. Alors, quand il récupère le capitanat, Elisara se fâche. “J’ai dit aux gars: ‘J’en ai marre qu’ils nous rentrent dedans!’ Voir mes coéquipier­s lâcher prise sur le terrain, ça a été le plus dur. Ça et puis l’arrogance des mecs en face. Typiquemen­t anglais.” Les bourreaux refusent même d’échanger leurs maillots avec leurs victimes. “Les mecs disaient: ‘Non, pas besoin...’ On était un peu vexés”, souffle Rob van der Ven. Seul le pilier Jason Leonard montre un peu d’empathie. “Je l’ai chopé et je lui ai expliqué. Il est parti avec tous nos maillots dans son vestiaire et il est revenu quelques minutes plus tard nous voir avec tous les maillots anglais, les shorts et les chaussette­s aussi”, poursuit l’ancien de Peyrehorad­e. “Même s’il s’agissait d’une grosse défaite, c’est le plus gros match qu’ait jamais disputé notre sélection, clôt Caine Elisara avant d’enfourcher son vélo comme un vrai Batave. Et ça le restera sans doute.” Tant que L’IRB n’organisera plus de barrages tout du moins.

“Voir mes coéquipier­s lâcher prise sur le terrain, ça a été le plus dur” Caine Elisara, internatio­nal néerlandai­s

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