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Jupiter descending
Dans La Lune de Jupiter, Kornél Mundruczó raconte la tragédie des réfugiés syriens à travers l’origin story d’un superhéros Jésus se découvrant le pouvoir de léviter. N’importe quoi.
Laszló Nemes n’est pas à Cannes cette année mais il continue d’occuper le terrain. « Né » ici il y a deux éditions, membre du jury l’an dernier, il plane en esprit sur l’ouverture de La Lune de Jupiter, de son compatriote Kornél Mundruczó,qui paye dans les grandes largeurs son tribut au
Fils de Saul – plan-séquence virtuose, masses humaines grouillantes, et l’enfer qui gronde au loin, hors-champ… Les réfugiés syriens tentant de passer la frontière hongroise ont remplacé les Juifs conduits à l’abattoir. Une nouvelle preuve de l’empreinte laissée par Saul dans l’imaginaire ciné de l’époque ? Oui. Et aussi la confirmation que Mundruczó est un garçon qui carbure à l’emprunt et à la citation. Son précédent long, le bizarro White
God, déclinait Spartacus et La Planète des Singes en mode canin. Ici, Saul voisine avec Birdman, Children of Men,
Chronicle, Incassable, sans oublier son propre (et désastreux) Frankenstein
Project… Beaucoup de films, donc. Beaucoup trop de films. Gavée de références, La Lune de Jupiter est une allégorie christique globalement imbitable, racontant la rencontre entre un réfugié ressuscité qui flotte dans les airs et un médecin corrompu qui veut en faire un monstre de foire. Mundruczó a faim, très faim, une énorme fringale de cinoche, mais ses deux morceaux de bravoure les plus intrigants (l’intro, donc, et la scène de l’appart qui tourne sur lui-même) ne font que surnager dans un méga-barnum éreintant, parfois politiquement douteux (le réfugié patibulaire qui se met à poser des bombes dans le métro), souvent ingrat visuellement, et post-synchronisé à la truelle. Vous aussi, vous pouvez l’éviter.