Technikart - Technikart - SuperCannes

Jupiter descending

- FRÉDÉRIC FOUBERT

Dans La Lune de Jupiter, Kornél Mundruczó raconte la tragédie des réfugiés syriens à travers l’origin story d’un superhéros Jésus se découvrant le pouvoir de léviter. N’importe quoi.

Laszló Nemes n’est pas à Cannes cette année mais il continue d’occuper le terrain. « Né » ici il y a deux éditions, membre du jury l’an dernier, il plane en esprit sur l’ouverture de La Lune de Jupiter, de son compatriot­e Kornél Mundruczó,qui paye dans les grandes largeurs son tribut au

Fils de Saul – plan-séquence virtuose, masses humaines grouillant­es, et l’enfer qui gronde au loin, hors-champ… Les réfugiés syriens tentant de passer la frontière hongroise ont remplacé les Juifs conduits à l’abattoir. Une nouvelle preuve de l’empreinte laissée par Saul dans l’imaginaire ciné de l’époque ? Oui. Et aussi la confirmati­on que Mundruczó est un garçon qui carbure à l’emprunt et à la citation. Son précédent long, le bizarro White

God, déclinait Spartacus et La Planète des Singes en mode canin. Ici, Saul voisine avec Birdman, Children of Men,

Chronicle, Incassable, sans oublier son propre (et désastreux) Frankenste­in

Project… Beaucoup de films, donc. Beaucoup trop de films. Gavée de références, La Lune de Jupiter est une allégorie christique globalemen­t imbitable, racontant la rencontre entre un réfugié ressuscité qui flotte dans les airs et un médecin corrompu qui veut en faire un monstre de foire. Mundruczó a faim, très faim, une énorme fringale de cinoche, mais ses deux morceaux de bravoure les plus intrigants (l’intro, donc, et la scène de l’appart qui tourne sur lui-même) ne font que surnager dans un méga-barnum éreintant, parfois politiquem­ent douteux (le réfugié patibulair­e qui se met à poser des bombes dans le métro), souvent ingrat visuelleme­nt, et post-synchronis­é à la truelle. Vous aussi, vous pouvez l’éviter.

 ??  ?? COMPÉTITIO­N OFFICIELLE
COMPÉTITIO­N OFFICIELLE

Newspapers in French

Newspapers from France