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LES PLEINS POUVOIRS À EDOUARD WAINTROP

Ils prennent les rennes du festival et imposent leur loi… Gloire à Edouard Waintrop, délégué général de La Quinzaine.

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Votre première décision, en tant que souverain absolu ? Edouard Waintrop. Construire plein de salles en plus, partout. C’est le problème du festival. Et à côté, je mettrais des endroits pour manger et boire pas cher. Vous déposez un veto contre une première palme Netflix ? E.W. Non. Rien à ajouter?

E.W. Pour l’instant, Netflix n’a finalement qu’un intérêt très minime pour les gens qui souhaitent voir des films. Je crois aussi que les dirigeants de Netflix sont un peu cons de dire partout qu’ils vont faire disparaîtr­e les salles, alors qu’à mon avis ils vont surtout faire renaître l’envie d’avoir des salles là où il n’y en a plus, de partager un film « en grand » et en groupe. Mais ils permettent aussi à tout le monde de découvrir des films de réalisateu­rs formidable­s, comme Jeremy Saulnier qui bosse pour eux là, et qui sinon sont peu distribués. D’ailleurs, il faudrait que les distribute­urs et les exploitant­s arrêtent de penser que les films ne circulent dans le monde que grâce à eux. Vous déposez un veto contre une troisième palme Haneke? E.W. Non, c’est un cinéaste que j’aime bien et dont le dernier film m’a bouleversé ! Votre programme pour ramener Hollywood à Cannes? E.W. Hollywood, c’est pas le problème. C’est surtout les bons films américains qu’il faut ramener. Et les stars, pas besoin ? E.W. Si. Il faut reprendre contact avec les gens qui font des films personnels à l’intérieur du système, Thierry le fait d’ailleurs. Mais si on leur interdit de venir parce qu’ils sont sur Netflix, ça va pas lui faciliter le boulot… Votre programme pour ramener Godard à Cannes ? E.W. Il a pas envie, faut le laisser tranquille, le doc de Varda raconte ça d’ailleurs. Je préférerai­s qu’il me reçoive chez lui à Rolle plutôt que de l’inviter sur la Côte d’azur. Vous dormez avec qui ? E.W. Avec ma femme. Je le fais ce soir d’ailleurs, pas besoin d’avoir les pleins pouvoirs pour avoir ce privilège. Vous créez un prix Sean Penn. Pour quoi faire? E.W. Pour récompense­r le droit à l’erreur ! A quel film d’Almodovar vous décidez de réattribue­r une Palme ? E.W. Parle avec elle, film sublime, qui n’était pas à Cannes. Ça arrive. La durée maximale du mandat de votre sélectionn­eur ? E.W. Huit ans. C’est précis. E.W. Je vais même l’être encore plus : je dirais deux mandats de quatre ans, max. Le temps d’imprimer sa patte et de ne pas être trop imbibé par la pression du pouvoir, de devenir hautain ou cassant. Le plus dur, au fond, c’est de penser autant aux films qu’aux gens qui vont les voir.

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