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LES PLEINS POUVOIRS À JOHN CAMERON MITCHELL
Ils prennent les rennes du festival et imposent leur loi... Gloire à John Cameron Mitchell, réal’ de How To Talk To Girls At Parties.
Votre première mesure en tant que souverain absolu ? 50 % du public des projections doit être composé de « vrais gens ». Et pas relégués au poulailler, hein, tout le monde se mélange dans la salle : les critiques, les stars et les anonymes. Vous mettez votre veto à une Palme Netflix ? Non. Un écran est un écran. Cannes a déjà su évoluer, sur le numérique par exemple. En 2004, quand on a amené
Tarnation ici (il en était le producteur éxécutif NDLR), la Quinzaine exigeait une copie argentique. Sauf que ça nous coûtait 25000 dollars supplémentaires. Plein de cinéastes fauchés étaient du coup condamnés à rester à la porte. Pour la petite histoire, on avait pu débloquer l’argent grâce à notre distributeur US, Wellspring. Et vous savez qui dirigeait Wellspring ? Steve Bannon ! Il a aussi distribué The Brown Bunny ! Et Shortbus ! Vous mettez votre veto à une troisième Palme Haneke ? Non. Il faut aider les jeunes cinéastes à émerger, c’est sûr. Mais si Haneke a fait le meilleur film, et que les jurés sont d’accord… Au tribunal, après tout, on a le droit de gagner plusieurs procès. Votre plan de relance de la nuit cannoise ? Un photographe vient de me dire que la soirée Shortbus en 2006 était son meilleur souvenir de soirée ici, donc je m’estime qualifié sur le sujet. L’autre nuit, on a fait un concert punk, c’était la folie. Le secret ? On avait distribué des invits à une centaine d’étudiants. Faire venir des jeunes, des gens qui ne sont pas dans le business, c’est le meilleur moyen de ressusciter le fun. Ça, et interdire l’EDM. Votre plan pour ramener Hollywood à Cannes ? Ça dépend, il y a plein de Hollywood différents. Mon préféré, c’est celui des 70’s et j’ai l’impression que Amazon et Netflix peuvent faire renaître cet esprit, devenir les nouveaux Médicis. Le ciné indépendant s’est effondré après 2008, HBO est devenu très conservateur… Le futur, c’est ce streaming Hollywood. Même si on ne sait pas pendant combien de temps encore l’argent va couler à flot. Votre plan pour ramener Godard à Cannes ? Je n’ai jamais aimé Godard. J’ai toujours été Truffaut. Vous vous rappelez l’époque où il fallait absolument choisir entre Madonna et Cyndi Lauper ? Bah, pour moi, Godard, c’est Madonna : éclectique, brillant, provocateur, mais cérébral, trop froid. Et Truffaut, c’est Cyndi Lauper ? Voilà ! Quelqu’un qui filme avec son coeur.