Technikart - Technikart - SuperCannes

The Last Fade

Diane Kruger donne le baiser de la mort à Fatih Akin et à son In the Fade, mélo impossible qui a fait fondre tout le monde d’embarras.

- FRANçOIS GRELET

Une théorie veut que certains films doivent parfois leur présence au simple fait que le Délégué Général « nomine » leur acteur principal pour un éventuel prix d’interpréta­tion. Ça marchait très bien par exemple pour La Loi du marché, bidule impalmable mais pile à sa place pour que le monde entier y remarque le one man show Lindon – ce qui n’a pas loupé et mit fin à tout débat. Si un nouveau Fatih Akin ne peut pas tout à fait s’envisager de la même manière qu’un nouveau Stéphane Brizé, les premières scènes de In the Fade nous racontent qu’il faudra surtout regarder ce film là par le prisme de sa Diane Kruger, icône L’Oréal au surmoi très affirmé – donc parfaiteme­nt à sa place ici. Le problème n’est pas tant qu’elle soit nulle, c’est juste que le film, obsédé par sa présence, ne peut lui donner aucune chance d’être emballante.

De tous les plans, elle incarne l’impasse du projet, son idée d’évoquer le deuil, la sidération et la vengeance sur le versant le plus littéral, le plus illustrati­f, le plus « performant » qui soit. Un attentat à la bombe, le fiston et le mari déchiqueté­s, des néo-nazis menottés, puis libérés, puis traqués : tout est raconté à travers ses yeux, et surtout ses yeux de biches. C’est le choix de cinéma qui fout In the Fade en l’air, explique son obsession du mélo-panzer, de la poésie béate, du glam obscène. Lui donner des scènes, des plans, de quoi manger, comme si le sujet, du genre chargé, n’était que le petit prétexte destiné à la faire rugir, elle. Diane fond en larmes, hystérise dans un tribunal, regarde des pinsons et se reconnecte au monde, ressort des doigts ensanglant­és de sa culotte et se réconcilie avec sa féminité. Le film n’existe que pour elle et son grand geste kamikaze. A la fin tout explose.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France