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# Selfilm
En tentant de concilier fable balance ton porc et teen movie, À Genoux les gars prend plutôt le tour d’un « feelbad » claudiquant.
C’est devenu un classique cannois depuis (au moins) Bande de filles : la petite fable acidulée dressant l’état des lieux du machisme ambiant, peuplée de filles normales changées en amazones d’un jour. Autant dire que ce n’est pas cette année qu’il fallait manquer de cocher cette caselà en beauté. Coup de bol, Antoine Desrosières avait sous le coude un film qu’on croirait calibré en réponse au séisme sociologique post-Weinstein : l’histoire de deux soeurs de la street, dont l’une est poussée par son copain à offrir une petite gâterie à son meilleur pote (ce meilleur pote n’étant autre que le fiancé de l’autre soeur – l’histoire est sordide mais apparemment vraie). Le petit décalage vient de ce qu’À
genoux les gars raconte les brimades des filles sur un mode léger : les deux amants affreux sont portraiturés en clampins hâbleurs à la débilité presque sympathique, enquillant les vannes fleuries façon Jamel Comedy Club. On peut s’offusquer de ce parti-pris, tout comme on peut le mettre au crédit féministe du film : les porcs à balancer ne se trouvent plus seulement parmi les producteurs à cigares mais chez les guys next door rigolos. On peut aussi ne pas trancher, et simplement regretter qu’un sujet si sensible finisse par se noyer dans une parodie (volontaire ?) de sitcom ingrate, mal jouée et constellée de dialogues bringuebalants qui, tout bien réfléchi, sont même un peu en-deçà du Jamel Comedy Club.