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Et au bout du conte ?

Alice Rohrwacher signe un film en deux parties plutôt beau, mais très nébuleux, Lazzaro Felice.

- GAËL GOLHEN

Dimanche c’était le jour des Saints. Pendant que Wim Wenders causait avec le Pape ( Un homme

de parole), Alice Rorhwacher déboulait avec son Lazarro Felice, une fable centrée autour d’un personnage d’idiot (dostoievsk­ien) qui meurt, ressuscite, et tente de changer le monde par sa seule présence. Ça commence par une scène nocturne. Le spectateur est plongé dans une nuit touffue. Des hommes s’approchent d’une maison et se mettent à chanter une sérénade. À l’intérieur, une famille. La caméra attend le lever du jour concentrée sur cette smala et visite la baraque décrépie. L’époque est imprécise (les années 50 ?), mais cette maison, c’est l’Italie éternelle. Une Italie pauvre et insouciant­e, un pays mythologiq­ue et délabré où cette colonie survit à l’écart du monde. La fable est jolie, portée par un sens réel de poésie bucolique et de comique populaire qui mélange harmonieus­ement Pasolini et Scola. Le personnage central, Lazare, est un jeune garçon beau et mutique, qui travaille aux champs et traverse des paysages édéniques où riches et pauvres cohabitent. Et puis brutalemen­t, au milieu du film, Lazare meurt. Il ressuscite au bout de quelques minutes, mais à son réveil, les bagnoles ont remplacé les carioles, le servage est aboli et tout le monde s’est installé dans un bidonville. La famille a vieilli, la marquise est morte et les anciens paysans bouffent en fouillant les poubelles. Seul Lazare n’a pas changé, incarnatio­n éternelle du rêve et de l’imaginaire dans une société stérile. En basculant dans le futur, le film devient un manifeste relou sur la décroissan­ce (les banques pillent tout, la modernité a tué la poésie), plus moche (le style pseudo-documentai­re) et abscons. La parabole est incompréhe­nsible, ou grossière, et Rohrwacher semble perdue. Nous aussi.

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