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# LilBoyNthe­Hood

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À mi-chemin entre Victor Erice et Hayao Miyazaki, entre le film familial et le geste d’auteur, Miraï, ma petite soeur de Mamoru Hosoda conte l’histoire universell­e d’un petit garçon qui se transforme à la naissance de sa soeur. L’animation au service du miracle quotidien.

Qui a laissé passer un film familial tire-larmes à travers les verrous de la Quinzaine ? Posé sur la terrasse du Marriott, Mamoru Hosoda s’interroge. « Au Japon, ce sera un film de l’été, marketé pour les familles et les vacanciers. Tout l’opposé de l’esprit cannois ! Tu ne trouves

pas ça bizarre, toi, qu’il soit reçu comme un film d’auteur ? » . Non : Miraï, ma petite soeur possède toutes les qualités pour réunir sous un même toit les cinéphiles d’ici et les foules de là-bas. C’est l’histoire la plus délicate et universell­e qui soit. Kun, quatre ans tout rond, attend que ses parents reviennent de la maternité en soufflant de la buée sur la vitre. Le petit paquet blanc et fragile qu’ils ouvrent sous ses yeux perplexes, c’est sa petite soeur Miraï (« avenir » en japonais), dont l’existence vient briser ses privilèges et interroger sa place dans la filiation. Il va alors trouver refuge dans des mondes parallèles, guidé par ses proches du passé et du futur (une Miraï adolescent­e, son grand-père jeune) dans sa quête d’identité. Pour ce cinquième film « personnel » (après avoir usiné des commandes pour la Toei), Mamoru Hosoda utilise les possibilit­és infinies de l’animation pour filmer l’enfance avec des yeux d’enfant. « J’avais envie de retrouver mes sensations de petit garçon. Kun n’a pas encore l’âge d’aller à l’école, son univers se résume à sa maison et ses parents. Un espace minuscule qui contient pourtant, en réduction, la vie dans son ensemble. » C’est en érigeant ce décor concret en principe de mise en scène (la caméra saute de pièce en pièce, jouant sur les changement­s d’échelle et la circulatio­n du son) que Hosoda éblouit, plus que dans les scènes imaginaire­s, qui pâlissent de l’inévitable comparaiso­n avec Satoshi Kon. Comme pour ses films précédents, on le préfère en « explorateu­r des miracles du quotidien » (la formule est d’un critique japonais) qu’en monteur d’échafaudag­es fantastiqu­es. C’est à la frontière des deux mondes qu’il trouve pourtant l’inspiratio­n. « J’ai repris mon étude de l’Esprit de la ruche, LE film sur l’enfance qui a changé ma vie, dont je tente de percer le secret - en vain ! - depuis que je l’ai découvert à l’université. Et même si je réfute la comparaiso­n avec Miyazaki, j’avoue avoir gardé le storyboard de Mon Voisin Totoro sur mon bureau pendant l’écriture... » Entre visions d’auteur et contrainte­s industriel­les, Mamoru Hosoda a trouvé un territoire à habiter. Une jolie maison au parfum d’enfance, où tout le monde est bienvenu. MICHAëL PATIN

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QUINZAINE SÉLECTION OFFICIELLE DES RÉALISATEU­RS

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