PNL POURRI NUL & LAMENTABLE ?
La pantalonnade de l'année donne des bouffées de chaleur à tout le monde, des banlieusards mollassons aux universitaires à la ramasse. Tâchons de garder la tête froide dans ce hammam sans queue ni tête.
En septembre, au moins, on aura bien rigolé. Quel sketch, quand même. La sortie du nouvel album de PNL avait des airs d'ouverture des soldes, avec vague d'hystérie collective et journalistes groupies prêts à griffer quiconque oserait critiquer leurs chouchous. Des chattes sur un toit brûlant. A en croire ces esprits possédés, PNL ferait plus avancer la musique que Bach et révolutionnerait la langue française dans des proportions inouïes (à faire passer Céline pour Jean d'Ormesson). Une sorte de rencontre rêvée entre Mozart et François Villon. Cocasse ? Certes. Navrant, surtout.
On a tout lu, tout entendu, écouté de près
Dans la légende, et essayé de comprendre. Ce disque, alors, il ressemble à quoi ? A du lounge sans mélodie déroulé au kilomètre sur lequel deux fumeurs de shit aux cerveaux ramollos peinent à aligner deux phrases intelligibles. Il paraît qu'ils sont à la pointe du rap actuel. Ah bon ? Oui, ça sonne vaguement comme du Drake – mais à part un neurasthénique qui attend que son esthéticienne vienne lui épiler la barbe, on n'a jamais pigé qui pouvait prendre au sérieux ce gentil loukoum en jogging. A vrai dire, la comparaison la plus flatteuse qu'on ait trouvée, c'est celle avec le Doc Gynéco de Première consultation. En 1996, monsieur le docteur pompait le rap ricain en vogue (Warren G) et racontait dessus un quotidien morose. Ce n'était pas toujours brillant, mais au moins il avait un peu d'esprit, à l'époque. Et il y avait du ressenti dans son spleen. Les zozos de PNL, eux, sont aussi habités que deux épouvantails plantés au fond d'un réfrigérateur.
Autre délire à la mode : il faudrait s'extasier sur les textes de ces écrivains de PNL, Ademo et N.O.S. Au printemps dernier, Télérama invitait un docteur ès lettres à commenter la prose des loustics. C'est Najat Vallaud-Belkacem qui a dû être contente. Dernièrement, on a entendu sur France Culture un débat où deux journalistes entendaient démontrer leur génie verbal. Ils s'emmêlaient les pinceaux, en bégayaient. C'était tellement gênant qu'on préfère ne pas insister. Que PNL plaise dans les quartiers et cumule des dizaines de millions de vues sur YouTube, rien de plus normal, ils sont aux banlieues ce que Vincent Delerm fut aux bourgeois : un miroir morne et
ILS SONT AUX BANLIEUES CE QUE VINCENT DELERM FUT AUX BOURGEOIS : UN MIROIR MORNE ET COMPLAISANT
complaisant pour lopettes au bout du bout. Mais que ces endives fascinent à ce point l'intelligentsia culturelle (couv' de Libération, dithyrambes dans Le Monde), c'est un mystère qu'on peine à s'expliquer. Est-ce une affaire de look ? Il semblerait que les catogans et les biscotos des deux frangins émoustillent quelques quadragénaires à la libido fatiguée. On les plaint d'avoir des plaisirs si communs. On plaint aussi nos confrères qui s'oublient ces jours-ci et s'en mordront les doigts dès l'année prochaine. Il est toujours dommage de perdre une occasion de se montrer digne. De notre côté, l'honneur est sauf. Une petite vacherie pour finir, dite sans mépris de classe ? Le duo natif de Corbeil-Essonnes y a toute sa place (à la corbeille). Dans la légende (QLF Records). LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCAULD