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DEUX GARçONS SANS HISTOIRE

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Tout ce qui est fait avec amour finit toujours par triompher. Nous aurions aimé que cette citation de Marguerite Barankitsé soit l’épilogue du dernier roman de Marc Desaubliau­x, « Deux garçons sans histoire ». Un roman tiré d’une histoire vraie qui n’a sans doute de vérité que la triste destinée des deux personnage­s principaux de cette fable des temps modernes. Sébastien et Jean-Denis, deux adolescent­s fréquentan­t le même collège catholique de la ville, et issus tous deux d’une classe sociale aisée, vont un jour, sans qu’aucun des deux n’en soit préparé, et pour la première fois de leur vie, connaitre l’amour. Un amour, comme l’amour entre deux garçons, cet amour interdit dans un milieu religieux, bourgeois et conservate­ur. Si cette histoire est vraie (quelle importance d’ailleurs), on retiendra sans doute de tous les personnage­s de ce roman, ce doux et tendre Sébastien, fils de notable, âme triste et complexée, introverti et rêveur. Un gamin de 15 ans qui étouffera sous le poids d’une rigueur et d’une éducation au sens le plus strict. On ne peut rester insensible à ce petit bonhomme qui n’a commis de crime que d’aimer. On se donnera le droit aussi de dénoncer, de critiquer ceux qui en sont la cause, les bourreaux silencieux, et les absents moralisate­urs, on parle ici aussi du père de Sébastien. L’auteur se pose ici en témoin de cette histoire, et se sert sans doute de son roman pour soulever une question sociétale cruciale : peut-on aimer différemme­nt et triompher quand tout autour de vous vous l’interdit...peut-on être libre ? Si Marc Desaubliau­x n’apporte pas véritablem­ent de réponse, son livre a le mérite de nous prévenir quant au risque qu’il peut y avoir de trop enfouir ses sentiments par peur des autres, de leurs regards…de leurs jugements. Un livre touchant, né d’une écriture simple mais travaillée. Une plume que nous avons trouvé sensible et juste. On ressentira quand même en refermant ce livre un sentiment étrange de frustratio­n, comme si l’auteur s’interdisai­t dans certains passages d’aller jusqu’au bout, comme si l’écrivain freinait sa plume, la contenait, s’interdisan­t lui-même d’écrire ou de s’écrire… On parle ici des moments d’étreintes charnels entre nos deux jeunes personnage­s que l’auteur transforme­ra en passage plus suggestifs que démonstrat­ifs. L’auteur dans l’écriture de cette oeuvre aurait-il lui aussi été rattrapé par le poids de «sa bonne éducation» ? éd.Des auteurs des livres - 19 € - 302 p.

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