Technikart

« LE PROCHAIN ? MERCI MACRON ! »

FRAÎCHEMEN­T ÉLU DÉPUTÉ, L’ÉNERGIQUE RÉDAC-CHEF DE FAKIR EST DEVENU LA STAR BOUGONNE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE. C’EST QUOI SON PROBLÈME ?

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Allô, François Ruffin ? C'est le magazine Technikart.

François Ruffin : Oui ? Que veux-tu savoir ?

J'ai été étonné par les réactions suscitées par ton attitude à l'Assemblée. Et je me demandais si celle-ci avait été influencée par une adolescenc­e un peu anarcho-punk.

Pas du tout. J’étais un mec isolé – très renfermé, extrêmemen­t timide – jusqu’à la sortie de Fakir en 1999 (il crée son journal quand la délocalisa­tion d’une usine Yoplait d’Amiens est passée sous silence par la presse locale, ndlr). Avant, je lisais, j’écrivais des centaines de pages. J’avais une espèce de révolte en moi. Créer mon propre journal, ça a été une sorte d’explosion pour moi.

Et ce refus de t'encravater alors ?

Je ne souhaitais pas me déguiser, tout simplement. J’ai mené toute ma campagne sans porter de cravate, je ne vois pas pourquoi j’aurais dû le faire en arrivant à l’Assemblée nationale.

Tu n'en as jamais porté ?

Peut-être une fois à un mariage quand j’avais quatorze ans. Je me souviens aussi d’un noeud papillon quand j’avais sept ans. C’est tout.

Te te dis « député-reporter ». Tu vas trouver le temps pour donner suite à ton docu Merci patron ?

Il faut déjà que je prenne mes marques à l’Assemblée nationale. Mais je compte bien réaliser un Merci Macron ! Je pense que je vais avoir de la matière. Mais pour l’instant, qu’est-ce que je m’y emmerde !

Ça te permet de faire parler, à échelle nationale, de la fermeture du Simply Market à Amiens.

Oui, pour ma première question à l’Assemblée, j’attaque direct la famille Mulliez (propriétai­res de l’enseigne, ndlr). Ça fait partie du jeu : le gouverneme­nt répondra dans six mois, il ne dira rien, mais ça permet de rendre public le fait que cette holding licencie alors que son bénéfice net a progressé de 14 % l’an dernier.

L'Assemblée, c'est donc de la com' ?

Absolument. Mon adversaire, c’est d’abord la finance – mais c’est surtout l’indifféren­ce. Comment faire pour sortir les gens de leur apathie et de leur résignatio­n.

Et comment faire ?

Il faut travailler la forme, le style, l’espèce d’énergie qui traverse dans la plume, ne pas oublier la rigolade… La question de la forme doit être la première question des militants.

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