Technikart

BABY DRIVER

- EDGAR WRIGHT En salles le 23 août FRANÇOIS GRELET

Voilà l’heure du grand ride rock-cinétique

qui ne tiendrait debout que par sa vista, son enchaîneme­nt ininterrom­pu de morceaux de bravoure et sa manière de faire monter en sauce sa collection de vignettes FM. Voilà donc Baby Driver. L’ami Edgar Wright, la quantaine désormais passée, décide de faire décoller le second étage de sa fusée avec le ciné-cosmos droit en ligne de mire. Le charme fou de ses précédents films reposait essentiell­ement sur des personnage­s joliment crayonnés (des autistes mimis incapables d’accomplir ce que le monde attendait d’eux) et une façon stupéfiant­e de capter l’air du temps (virtuosité clippesque, références tordantes, fibre socio impec’). C’est l’heure du virage négocié au frein à main : Baby Driver vient réfuter en bloc ces deux pôleslà, comme si désormais ce genre de talent miniature ne pouvait plus lui suffire, comme si le surmoi arty, trop longtemps camouflé derrière le vernis accrocheur de ses films, devait aujourd’hui nous sauter à la tronche. C’est donc un objet abstrait, papalement sérieux et peuplé d’archétypes décharnés (le rider mutique, la princesse blondinett­e, le méchant increvable) qui sont autant d’outils mis à dispositio­n d’un grand élan démiurgiqu­e. Un actioner-musical, c’est l’idée. Une prouesse conceptuel­le qui n’autorise ni l’approximat­ion ni les notes dissonante­s, c’est l’ambition – jamais tenue. Un truc qui met surtout en exergue l’incapacité saisissant­e de Wright à transforme­r ses anciens gimmicks speedés en véritables idées de cinéma, à relier entre elles ses visions pour les transforme­r en partition. Les casses se multiplien­t, Baby fait crisser fort les pneus de sa bagnole et si possible en synchro avec les tubes qui défilent sur son iPod ; la petite mélodie du film, elle, reste totalement introuvabl­e. Ne reste que le souvenir d’une vague rythmique assommante.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France