Technikart

LA RÉGION SAUVAGE

- AMAT ESCALANTE

Tentés par une séance de baise exutoire et addictive en plein été ? La Région sauvage

et sa « créature du plaisir » pourraient peutêtre vous filer quelques idées. En introduisa­nt le fantastiqu­e dans une fiction sociale, le toujours hardcore Amat Escalante ( Los Bastardos, Heli, deux films remplis de nudité full-frontal et d’ultra-violence hallucinog­ène) continue de lier famille dysfonctio­nnelle et virilité sordide pour mieux disséquer la sexualité et ses troubles. Dans le couple d’Alejandra et Angel, le désir repose sur le non-dit. Elle subit des séances de sexe mécanique et se masturbe ensuite sous la douche. Il couche sans l’assumer avec Fabian, le frère de sa femme. Veronica – pendant féminin du visiteur à la Théorème – débarque alors dans la vie du trio. Elle les mènera, l’un après l’autre, dans une maison isolée au coeur d’une clairière, jusqu’à un troisième sexe tentaculai­re. La créature ondule depuis son coin sombre pour venir s’entortille­r autour du corps qui lui est destiné : l’estampe façon Hokusai n’est pas loin, mais c’est surtout le Possession de Zulawski qui fait ici office de véritable boussole créative. Une variation sur le même thème où la critique sociale prendrait le pas sur la crise de couple hystérique. Portée par sa créature déconnecté­e de toute attente culturelle, La Région sauvage élabore un parcours cul et bucolique qui se vit comme une traversée dans un paysage de Courbet. Loin de la ville et des carcans sociaux, on peut enfin s’oublier en toute tranquilli­té. Escalante prône là un retour à la nature qui redonne au sexe toute sa force originelle : la pénétratio­n est à l’origine du monde, oui, mais aussi de sa destructio­n. Gaffe à ne pas trop en abuser… En salles le 19 juillet LÉONTINE BOB

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France