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« NE JAMAIS BOSSER AVEC SES POTES ! » LE PRIX DU SUCCÈS,

DANS IL JOUE UNE STAR MONTANTE PLOMBÉE PAR LES BOULETS DE SON ENTOURAGE. MAIS QUE PRÉCONISE TAHAR RAHIM CONTRE CES NUISIBLES ?

- PAR FRANÇOIS GRELET PHOTOS THOMAS LAISNÉ

Moins un film sur l’entourage, le glam et les paillettes, qu’une vraie tragédie familiale frappée du sceau de la fatalité, Le Prix du succès part d’un sujet tout riquiqui (un stand-upper rebeu qui s’embrouille avec son frère impresario – si ça vous rappelle quelque chose, c’est normal) pour le tremper dans un lyrisme coppolesqu­e stupéfiant. Le film a beau s’écrouler dans son dernier quart d’heure, il confirme, six ans après le coup d’essai Jimmy Rivière, la patte très singulière de son réal’ Teddy Lussi-Modeste, styliste virtuose et portraitis­te sensible dont on aimerait avoir des nouvelles plus souvent. Si le film tape aussi fort, si ses visées opératique­s élaborées au coeur de grands apparts parisiens prêtent plus à la stupéfacti­on qu’au ricanement, c’est aussi parce qu’ici on joue un peu (beaucoup) mieux qu’ailleurs. Les logorrhées introspect­ives sont éjectées manu militari : que de la physicalit­é et de l’incarnatio­n. Si Roschdy Zem en ange protecteur et impulsif s’offre en spectacle façon grenade dégoupillé­e, c’est bien Tahar Rahim en rigolo à la cool miné par la doxa familiale qui se charge de récupérer la monnaie de son succès. Longtemps qu’on ne l’avait pas vu tenir à ce point le gouvernail d’un film (il y a bien eu The Cut en 2014, mais qui l’a vu ?), lui qui semblait prendre goût à partager les têtes d’affiche (avec Seydoux, Sy, Arestrup, Exarchopou­los, Lellouche...), à se glisser dans des castings choraux, à se faire étrangemen­t discret. Huit ans après Un Prophète, c’est comme si le garçon tenait encore à calmer le jeu et faire ses gammes. De ce point de vue-là, Le Prix du succès est une manière pour lui de rebattre les cartes, de reprendre goût à l’avant-scène, aux véhicules qui mettent en valeur, dans un projet (à l’échelle) modeste mais (à l’ambition) solide. Ça méritait bien une rencontre en forme de bilan d’étape. Tahar, je n'ai pas pu m'empêcher de penser à la vie de Jamel Debbouze en regardant Le Prix

du succès. J'ai eu tort ? Tahar Rahim : Écoute, à ça, je te répondrai que si j’avais été tennisman dans le film tu aurais pensé à Marion Bartoli. Si j’avais été footballeu­r, tu m’aurais parlé de Nicolas Anelka. Je te dis ça parce que le film parle d’un truc commun à de nombreuses célébrités, c’est-à-dire effectivem­ent « le prix du succès », les rapports avec ta famille qui peuvent changer d’un coup,

« SI ON TE DIT PAS “OUI ! NON ! MERDE !”, TU TE PLANTES VITE. »

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