« JAMAIS SANS MA POULE ! »
LA YOKOHAMA, LA PADOUE, LA SEBRIGHT... RARES, EXOTIQUES ET PRISÉES PAR LES COLLECTIONNEURS, CES POULES DE LUXE SQUATTENT LES JARDINS DES BOURUS. NOTRE REPORTER VA-T-IL NOUS RAMENER UNE GALLINACÉE D'ORNEMENT ?
« CES POULES D'ORNEMENT, C'EST AMUSANT, MAIS AUSSI ECO-FRIENDLY. » – ARMELLE & GRÉGOIRE
Le it-accessoire de la saison, darling ? La bonne vieille cocotte. Mais attention, pas de la pondeuse lambda, non, bien au contraire, de la poulette de collection, d'ornement, venue des quatre coins du monde. Exotique à souhait ! Suivez-moi donc dans le nec plus ultra de la poulaille, plus précisément aux fermes de Gally à Saint-Cyr-l'École dans les Yvelines.
Rendez-vous a été fixé avec deux grands connaisseurs de l'univers plumassier : Jean-Yves Morin, le monsieur poules de l'établissement, et Bruno Gansel, le directeur de la communication. Ils m'apprennent qu'il existe deux types de poules : les pondeuses, qui assurent 250 oeufs à l'année, et les poules d'ornement, dont la ponte oscille entre 100 et 150 oeufs par an. « Il existe au bas mot 450 races de poules à travers le monde créées par l’homme à partir de cinq variétés naturelles », prend le soin de rappeler JeanYves Morin. Aux fermes de Gally, ils proposent une quarantaine de races. Et pas des moindres... D'emblée, Jean-Yves douche mes velléités d'acquisition : « Il faut quand même un petit bout de jardin. Entre trois et quatre mètres carrés. Une poule, c’est casanier mais ça ne supporte pas la solitude.
Donc, l’idéal, c’est trois congénères entre elles. » Et mon petit deux-pièces de quarante-cinq mètres carrés dans l'ouest parisien, c'est vraiment pas jouable ? « Non, définitivement pas, renchérit notre monsieur cocottes, la poule a besoin de gratter de la terre. » Je lui dis que je compte bien déménager pour plus grand un jour. TÂTER DE LA GALLINETTE
J'apprends, entre autres détails techniques, qu'il me faudra investir dans un poulailler. Ce dernier devra comporter pondoir, perchoir, et autres dortoir, mangeoire et abreuvoir. Autant de rimes en « -oir » qui me délesteront d'une centaine d'euros en entrée de gamme. Après, libre à vous d'investir dans un Crillon pour poulettes. Bon, hormis cet investis- sement, somme toute raisonnable, une poule vous coûtera entre dix et quinze euros par mois à l'entretien. On aura connu des passions plus onéreuses… Quant au prix de ces poules et coqs de collection, il varie entre trente et plus d'une centaine d'euros pour les très rares et exotiques.
Après ce préambule riche en informations, la visite commence. Mon regard s'arrête instantanément sur la Soie, une race chinoise dont Marco Polo décrit le plumage dès le XIVe siècle. Je me tiens en face d'une vraie peluche sur pattes ! Douce, elle tient plus de la petite fourrure que de cette poule rousse, lointaine réminiscence de vos classes vertes. Comble du privilège journalistique, je vais pouvoir entrer dans chaque box pour tâter de la gallinette.
À quelques mètres du box à poules de Soie, je distingue un coq entièrement noir, crête, pattes et plumes comprises. Totalement looké gothique. Répondant au nom de guerre Ayam Cemani, ce dernier vient d'Indonésie. « Particularité étonnante, me révèle Jean-Yves, même sa chair est noire. » Sachez tout de même que certains de ces coqs se monnayent autour de 120 euros. Il me présente ensuite la Hollandaise. Une poule à huppe souvent blanche qui lui donne un air de cinquième Beatles. « Timide et
sensible », selon le catalogue, on la découvre pour la première fois en 1917. Et comme son nom l'indique elle est originaire des Pays-Bas. Avec elle et sa tête huppée, c'est comme si vous pouviez toucher tous les jours le pompon du marin.