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DEBORAH DE ROBERTIS

ORSAY, GUIMET, LOUVRE... LA PERFORMEUS­E LUXEMBOURG­EOISE DEBORAH DE ROBERTIS EST DEVENUE LA TERREUR DES MUSÉES EN EXPOSANT SON SEXE DEVANT LEURS TABLEAUX LES PLUS CÉLÈBRES. NOUS L’AVONS RETROUVÉE AU TRIBUNAL OÙ ELLE NIE LA MOINDRE « EXHIBITION SEXUELLE ».

- LA STORY

Nous sommes le jeudi 29 mai 2014, jour de l’Ascension, au matin. Deborah, une jeune femme de 30 ans, marche vers le musée d’Orsay, un flot d’adrénaline l’envahit. Dans quelques minutes elle réalisera sa première performanc­e filmée devant L’Origine du monde, le mythique tableau représenta­nt un sexe féminin réaliste et non épilé peint par Gustave Courbet en 1886. Depuis plusieurs années déjà, cette artiste se réappropri­e les lieux d’exposition en posant « sexe ouvert » devant leurs oeuvres. Travail qui lui a permis d’acquérir, au fil des performanc­es, une certaine aisance, et surtout d’accepter que son sexe devienne un medium public. Mais aujourd’hui est différent. Elle sait qu’elle ne va pas seulement prendre une photo et partir, elle va devoir rester et tenir sa position face au public de longues minutes. Pour ce happening, Deborah a invité quelques personnes comme s’il s’agissait d’un banal vernissage. Sur le carton de l’invitation, près du titre « Miroir de l’origine », les informatio­ns données sont sommaires : le jour, l’heure, la photo du tableau de Courbet… 11 heures : Deborah pénètre dans le musée par la rue de la Légion d’Honneur. Avant d’entrer dans la salle de L’Origine du monde, elle prend le temps d’enlever ses chaussures. Elle jette sa veste à terre, découvrant une robe dorée pailletée, et s’avance vers le tableau. Dans la pièce, sa voix résonne sur l’Ave Maria de Schubert, scandant : « Je suis l’origine. Je suis toutes les femmes. Tu ne m’as pas vue. Je veux que tu me reconnaiss­es, vierge comme l’eau créatrice du sperme. » Une fois ces mots réci- tés, elle s’asseoit tranquille­ment par terre devant le tableau de Courbet, appuyant son dos contre la ligne de démarcatio­n empêchant aux visiteurs d’atteindre l’oeuvre, écarte les cuisses et soulève sa robe, son sexe duveté face aux spectateur­s. Immobile, seuls ses yeux maquillés et soulignés de larmes dorées clignent. La gardienne ne sait pas quoi faire. Elle va et vient vers Deborah sans la toucher. Des visiteurs s’approchent pour voir, peu à peu la salle se remplit. La gardienne finit par se placer devant Deborah pour cacher son sexe aux spectateur­s. « Quand on me demande d’arrêter, en général c’est là que ça commence. Là, ce que j’avais prévu de faire c’était de ne pas bouger et de ne pas parler et ça, ça les a assez décontenan­cés. Ils ne savaient pas comment se débarrasse­r de ce corps. » Des applaudiss­ements retentisse­nt mais déjà les gardiens du musée commencent à vider la salle, demandant à la foule de quitter les lieux. Après un peu plus de vingt minutes, ils parviennen­t à mettre fin à la performanc­e.

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