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Quand l’un des jeunes rockeurs les plus doués de l’Hexagone fait chanter sa fiancée suédoise, ça donne quoi ? Un album plus agréable que le syndrome de Stockholm.

- JO WEDIN & JEAN FELZINE PIQUE- NIQUE (AT(H)OME) LOUIS-HENRI DE LA ROCHEFOUCA­ULD

Vianney étant actif depuis trois ans, on peut commencer à mesurer les dégâts que ce gentil boy-scout cause dans la chanson d'ici.

À notre gauche, Tim Dup, un louveteau aux dents de lait qui aurait même peur d’aller dans les bois. À notre droite, Laurie Darmon, une jeannette dont la cucuterie ferait passer Joyce Jonathan pour Barbara. Et on ne parle même pas de Hyacinthe qui s’emmêle piquets et montants en mélangeant Vianney et PNL – autant dire qu’il est pas près d’avoir monté sa tente. Scout toujours ? Si c’est pour se farcir des niaiseries pareilles, non merci. On n’a rien contre Baden-Powell, mais en musique française on préfère l’humour de Dutronc, les recherches de Jarre ou la distinctio­n détachée de Jacno. Qui rallumera le feu du camp ? Johnny Hallyday ? Hum. Mieux vaut voter Jean Felzine. Felzine, sa banane impeccable et son groupe Mustang avaient crevé l’écran en 2009 avec l’album A71, l’un des meilleurs sortis cette année-là. Musique, production, paroles, chant, tout était inventif et emballant, tiré à quatre épingles, cassant trois pattes aux nostalgiqu­es 50’s coiffés en queue de canard. Elvis Presley lui-même n’aurait pas craché sur « Je m’emmerde », « Le Pantalon », « Maman chérie », « Anne-Sophie » ou « C’est fini ». Mustang avait insisté avec Tabou et Écran total, deux disques tout aussi réussis auxquels manquait toutefois l’effet de surprise. Felzine lançait alors un projet parallèle avec sa petite amie suédoise, Johanna – ou comment quitter le King pour une Viking et ainsi retrouver la flamme. Le duo Jo Wedin & Jean Felzine aurait pu s’amuser à se lancer dans une disco à la ABBA ou une dance à la Ace of Base. Mais la musique étant chose aussi sérieuse que l’applicatio­n de la gomina, ils sont retournés plus loin dans le passé : on pense à l’album Cowboy in Sweden de Lee Hazlewood, à Roy Orbison, aux girl-groups. Du rétro ? Pas du tout, ils dépassent haut la main leurs influences. Felzine est toujours aussi fortiche dans les textes drolatique­s, les mélodies et les arrangemen­ts soignés. Jo chante merveilleu­sement, maîtrisant déjà parfaiteme­nt la langue de Piaf – elle nous épargne l’accent cracra d’une Jane Birkin. Il faudrait dégager une page en plus pour lister tous les grands morceaux de leur album Pique-nique. Notons quand même ceux-ci : « Chanter, baiser, boire et manger », « Les Hommes (ne sont plus des hommes) », « Idiot », « Un Jour de plus un jour de moins », « Femme de chambre », « Hem », « Le Jeu »… Et quasi tous les autres sont du même tonneau. Pas de la petite bière. Auprès de sa blonde, Felzine est reparti pour un tour. Souvenons-nous que sur le premier album de Vianney il y avait quand même une belle chanson, « Veronica », avec un clip émouvant où l’on voyait ledit Vianney tracer en vélo jusqu’en Suède pour retrouver une fille. On ignore ce que les Suédois(es) ont de si magique. En tout cas leur fréquentat­ion est bénéfique. Le jour où Camille sortira avec Zlatan Ibrahimovi­c, elle piaillera peut-être moins ?

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